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2 décembre 2013 1 02 /12 /décembre /2013 10:20

 

INSTALLATION DE L'ARTISTE PLASTICIEN TANTOO-PICO AU MUSÉE D'ART CONTEMPORAIN DE VISSÉ-LE-MARECHAL, DU 1er SEPTEMBRE 2012 AU 31 JANVIER 2013 : 10 TOILES DE 3 MÈTRES SUR 2 DISPOSÉES DE FAÇON À CE QUE LE PUBLIC COMMENCE LA VISITE PAR N'IMPORTE QUELLE TOILE.

 

 

 

 

 

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 22:27

 

OBJETS ABANDONNÉS SUR LE TROTTOIR, DEVANT LE 37 DE LA RUE DES LITOTES AUDACIEUSES, À TOULON, FRANCE, SUITE AU DÉMÉNAGEMENT DE LA FAMILLE LIDOINE, LE DIMANCHE 29 SEPTEMBRE 2013.

 

 

 

Un mètre cube environ jeté en vrac du Bulletin paroissial de Vissé-le-Maréchal (02, 284 habitants à ce jour), datés entre 1920 et 1955, soit près de 2000 fascicules faisant l'éloge des bons paroissiens, et ressassant les mêmes préceptes de la religion catholique et l'obligation dans laquelle sont ses adeptes de se soumettre à l'idée de la Faute et à l'autorité du Pape. Les nouveaux propriétaires des lieux voulaient que la cave attachée à l'appartement en fut débarrassée.

 

Une table de nuit ancienne au dessus de marbre cassé et au placage par endroits carbonisé.

 

Un pile de livres eux aussi en vrac à même le sol :

- L'élan nouveau de la RDA, Panorama DDR, 1966.

- Andréas Baader au tribunal de l'histoire, Collectif, Temps présent, 1976.

- Socialisme et barbarie, Collectif, Temps présent, 1972

- La chute des justes, par Jean-Denis de La Clavière, Editions de l'ordre à venir, 1982

- Allumeuses déchaînées, par Lasciva, éditions du jour, 1979.

- Allumeuses enchaînées, par Lasciva, éditions du jour, 1979.

- Programme commun de gouvernement du Parti socialiste et du Parti communiste, Notre temps, 1972.

- L'Afrique en pâture, Collectif, Editions sociales, 1975.

- Retiens ton souffle belle Irina, Pierre Georges, éditions du jour, 1978.

- Demain la lune, Sergueï Mikovitch, Le socialisme en marche, 1961.

- A peau nue, par Anne O'nyme, Editions du souffle de Satan, 1985. 

- Mort du fascisme pour l'éternité, Gérard Loiseux, La pensée internationaliste, 1948

 
 

 

 

A côté du fatras entassé gît un carton crevé sous l'abondance d'illustrés des années soixante, Blek le Roc, Tartine, Zembla, Pecos Bill, Tarzan, Akim, Picsou ; au fond duquel carton, exprès mis là pour donner un semblant de solidité à l'ensemble, reposent trois des premiers titres des aventures Tintin dans des éditions originales - dont les cotes cumulées peuvent atteindre jusqu'à quarante-cinq mille euros : Tintin au pays des Soviets, Tintin en Amérique, Le lotus bleu.


Douze pots de peinture entamés et non utilisés depuis vingt-quatre ans.

 

Quarante cinq boîtes de corned-beef portant toutes la même date de péremption du 15 juin 1984.

 

Un squelette sur pied destiné à l'éducation des enfants des écoles auquel il manque la moitié des ossements, ce qui lui confère une allure d'épouvantail ou de dépouille de pirate abandonnée sur une plage des Caraïbes par un compagnon désireux de conserver le butin pour lui seul.

 

Un canapé éventré laissant la mousse de son assise béer en dehors des frontières de tissu.

 

Cent-vingt trois boîtes de carton de même dimensions (20 x 15 x 8 cm), les trois quarts vides, les autres pleines de plantes médicinales de toutes sortes, desséchées par le temps, sans doute exemptes, en l'état, du moindre pouvoir curatif.

 

Une petite caisse de bois révélant jusqu'à la gueule divers matériaux aptes à réparer une roue de vélo crevée : colles, rustines, râpes, bassine – et même jusqu'à une chambre à air neuve, ou plutôt, jamais utilisée.

 

Un carton contenant en pièces détachées rouillées un robot mixeur, et portant sur une de ses faces un dessin représentant une jeune femme en train de faire de la gymnastique. Au dessous du dessin est noté en lettres rouges éclatantes :

« Le robot Atoutfair

Libère la ménagère »

 

 

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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 01:50

CITATIONS, PENSEES & OPINIONS AYANT TRAIT A L'UNIVERS EN GENERAL ET AU MONDE EN PARTICULIER – ETAT EXHAUSTIF, 4.

 

 

 

Font chier avec leurs ordinateurs.

T'as raison, y'a plus de place pour nous.

Tu vois, chais pas réfléchir bien loin moi, mais je me pose la question, il sera comment le monde quand les machines commanderont ?

Sans compter que si ça tombe en panne.

C'est ça. Autant rien faire.

 

Sébastien Grauchalon et Paul Remuset

Conversation devant le Café des Halles, Limoges, 1er septembre 2013

 



 

***

 

 

Le monde est né comme vient le langage aux enfants, par mimétisme.

 

Camilla Grüdhaus

in : Fresque d'une intemporalité : fragments pour une philosophie de l'absurde, 1994.

 

 

 

 

***

 

 

 

Viendra un jour il n'y aura plus rien du monde. Pourquoi prendre la peine de classer ces factures ?

C'est mon problème.

Tu gaspilles ta vie.

Je la gaspille au regard de tes critères. Moi, pour que ma vie ait un sens il faut que ces factures soient classées.

 

Santiago Sanchez

Dialogues du film anglo-argentin Un hiver balnéaire

 

 

 

***

 

 

L'univers, l'univers, comme s'il n'y avait que ça au monde !

Idem.

 

 

***

 

 

La vie humaine

est une aventure inhumaine

elle serait mieux souterraine

dans un bon pull de laine

 

Je voudrais être coach du monde

mais je ne suis qu'une blonde,

coach du monde

c'est pas pour les blondes.

 

coach coach coach coach coach du monde

mais je ne suis qu'une blonde.

 

(au refrain)

 

universalité

univers sale idée

universalité

univers sale idée

unis vers la lité-

rature illettrée

universalité

univers sale idée

universalité

univers sale idée (ad lib)

 

 

Clara Clara, auteur-compositeur-interprète.

Paroles (intégrales) de la chanson vainqueur du grand prix Eurostarvoix 2013 de Canet-en-Roussillon, France.

 

 

 

***

 

La grandeur de l'homme en ce monde se mesure au nombre de chambres d'hôtels qu'il a habitées.

 

Yahiro Meiji

Sentinelle du vivant. 1977.

 

 

 

***


J'ai le souvenir d'une chambre d'hôtel, dans le centre du pays. C'est un souvenir précis, même s'il remonte à plus de quinze ans. Je dispose d'images mentales de la rue qui conduit à l'hôtel, de la chambre elle-même, vieillotte, désuète, de l'escalier qu'il fallait emprunter pour accéder aux chambres. J'étais revenu dans cette chambre au milieu de l'après-midi, fatigué, pour y dormir quelques minutes, mais au rez-de-chaussée, dans le restaurant de l'hôtel, il y avait un banquet de mariage, du moins ce que j'ai cru identifier comme tel, de la musique, des cris d'hommes ivres, des cris de femmes certainement pourchassées dans des recoins par ces mêmes hommes cherchant à relever leur jupe ou à les embrasser dans le cou. Impossible de dormir. J'ai écouté avec un léger dégoût les sons de la frivolité libérée. Je dispose de ces souvenirs mais je ne sais pas, je ne sais toujours pas dans quelle ville se trouvait cet hôtel ni pour quelle raison je l'ai alors habité. C'est une douleur qui revient de loin en loin me miner la conscience. Je suis souvent sur le bord de la révélation mais toujours elle se dérobe. Une douleur. J'ai besoin de savoir. Je place cette connaissance au dessus de ma volonté de savoir comment est né l'univers – mais hélas je suis seul face à moi-même.

 

Idem.

 

***

 

De la bouse, de la mélasse, de la merde, une pâte épaisse et dense, obscure, rien de plus con que la présence du monde si on réfléchit un peu, mais personne réfléchit et tout ça continue comme si de rien n'était, réfléchissez bordel, à quoi ça rime ?

 

Olivier de Latrivalle

Le pensée quotidienne, 6 octobre 2013, dimanche de pluie et d'emmerdes.

(http://lapenseequotidienne.net)

 

 

 

 

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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 07:39

 

 

CONVERSATION A BORD DU TRAIN CORAIL 4412 PARIS-BORDEAUX, 2 MAI 2013, VOITURE 8, PLACES 21-23, ENTRE HUGHES SCHTRAUBEN ET GILBERT FRELAMPIER

 

Parfois je me demande. (Long temps) Oui, je me demande, parfois.

Et que te demandes-tu, parfois ?

Parfois je me demande si on ne fait pas ces voyages juste pour parler.

Et alors ? Quel mal y aurait-il ?

Eh bien, ça coûte de l'argent tout de même. Et puis ça ne me met pas en paix avec ma conscience.

L'usage de la parole n'est pas un acte répréhensible au regard de la loi.

On pourrait rester tranquilles à discuter assis à la maison, mais non, faut qu'on prenne le train.

Oui, enfin, on va toujours quelque part quand même.

Oh, si peu... Et moi ma conscience pendant ce temps.

Quoi ta conscience ?

Elle ne va pas bien, ma conscience.

Oui mais chez toi on ne trouve rien à se dire.

C'est vrai.

Il doit y avoir un rapport entre notre activité oratoire et la circulation ferroviaire. (Temps) C'est peut-être parce que chez toi le paysage est fixe.

Je dois reconnaître que mon salon est plutôt immobile.

Ton aveu me soulage.

Et que le paysage qu'on distingue à travers mes fenêtres n'est pas davantage mouvant.

Une sorte d'idée fixe matérielle.

Jamais le moindre défilement.

Jamais.

Hélas, je ne peux pas le nier.

 

(Temps)

 

On peut même penser que c'est l'heure butoir de l'arrivée du train qui libère notre parole. (Temps) Ne me regarde pas comme ça, je veux dire que si tu as l'éternité devant toi, ça ne va pas te pousser, mais si tu sais que ton train arrive dans deux heures, tout de suite il y a une notion d'urgence, tu comprends ?

Parfaitement.

Là par exemple, nous arrivons à Vivonne dans quarante-cinq minutes, autant dire rien, tu aurais dû te lancer bien avant.

Je n'ai pas osé.

Tssss.

 

(Temps)

 

C'est à cause de la matière jaune des sièges.

C'est ça, prends-moi pour un idiot.

Non, j'y vois comme la représentation mimétique de la mort de la grande Georgina Visovicino sur la scène de la Scala de Milan en 1834, écrasée par un panneau de décor, ils rigolaient pas à cette époque, cent-quarante kilos de chêne sur le dos, ça te casse même les plus solides.

Quel rapport avec les sièges du train ?

Le décor représentait une scène de la première guerre Punique, on était en plein néo-classicisme, tu vois, les romains envahissant Messine par surprise, ça fait un beau décor après ils n'avaient qu'à broder autour.

Quel rapport avec les sièges du train ?

Il y avait du sang partout.

Quel rapport avec les sièges du train ?

C'est ce jaune, là.

 

 

(Temps)

 

 

On sait qui a gagné ?

Qui a gagné quoi ?

La guerre.

C'est compliqué.

Et pendant ce temps on ne fait aucun progrès sur la connaissance intrinsèque des choses.

On ne peut pas tout faire en même temps.

N'empêche, les choses, on ne sait pas toujours comment ça marche.

T'as pas un exemple, là ?

Non, mais y'en a plein.

C'est compliqué.

Oui, ça aussi, c'est compliqué. Tiens, tu te souviens de ma cousine Danièle ?

Celle qui s'est mariée avec un type qui a fait une thèse sur la construction de l'unité italienne entre 1865 et 1868 ?

Oui, elle a divorcé après mais peu importe, eh bien ma cousine Danièle.

Ah bon, elle a divorcé ta cousine Danièle ?

Oui mais elle a.

Elle est libre, alors ?

Gilbert, elle a vingt-cinq ans de moins que toi.

N'empêche, elle est libre.

Je ne sais pas, elle a peut-être rencontré quelqu'un depuis, mais ce n'est pas de ça dont je voulais te parler, parce que ma cousine Danièle.

Tu as son adresse mail ?

Ma cousine Danièle, un jour, elle a refusé de prendre un bus parce que le chauffeur n'a pas été capable de lui expliquer le principe du moteur à explosion. (Temps) Quand on regarde une chose on n'en voit jamais qu'une partie, lui disait-elle au chauffeur.

Oui, surtout un bus.

Elle est terrible, ma cousine, les gens attendaient le départ du bus, et elle, elle demandait au chauffeur de lui expliquer le moteur. Alors les gens se sont énervés, forcément, ça a failli mal finir, parce que le bus n'en finissait pas de partir, et les gens, forcément, tu sais comment ils sont, y'en a même qui voulaient la laisser là sur le bord de la route et partir sans elle, ah ça a failli mal finir ce jour-là.

Mais ça n'a pas mal fini ?

Ça n'a pas mal fini.

Je vois.

Je ne suis pas sûr que tu voies bien.

Je vois je te dis.

La question est de savoir comment appréhender un tout à partir d'un ensemble dont on ne connaît pas tous les éléments.

Puisque je te dis que je vois.

Ce serait comme nager vers le bord d'un lac dont on n'aperçoit pas la rive. (Temps) Et note bien s'il te plaît, note bien que c'est encore plus compliqué que d'imaginer un tout à partir d'un seul élément de l'ensemble.

Non là tu exagères, quelqu'un qui n'a jamais vu un bus ne pourra pas l'imaginer à partir d'une pièce du moteur.

C'est pour dire si c'est compliqué.

On va pas trop loin, là ?

On parle.

Je me sens à une limite.

Détends-toi, ça va aller.

 

(Temps)

 

Tu vois, tu es sur une scène en train de chanter et paf, un décor te tombe dessus et te tue. Que veux-tu que je te dise.

A partir de là il n'y a plus grand chose à faire.

Ce n'est plus une question de rhétorique.

C'est du solide, là.

Du matériel.

Du tranchant.

Rien à voir avec ce qui nous occupe.

Rien.

Je me demande ce qui nous a amené à parler de ça.

Ton malaise, tout à l'heure, souviens-toi, à propos des sièges du train.

Finalement, en y réfléchissant, c'est pas la faute du train.

Le décor ?

Ils avaient trop chargé sur le jaune.

 

 

 

 

 

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  Pour retrouver l'intégralité des conversations ferroviaires, c'est ICI


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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 22:58

 

LIVRE D'OR DE L'EXPOSITION "FIXITUDES : UNE RÉTROSPECTIVE - SOIXANTE OEUVRES - PRURIT / TOODEGAZ / FISTULA". MAC, MUSÉE D'ART CONTEMPORAIN DE VISSÉ-LE- MARÉCHAL, JUIN-SEPTEMBRE 2013. 

 

[Note préliminaire : Les propos énoncés ci-après n'engagent que leurs auteurs. Tous les billets sont signés mais toutes les signatures sont illisibles.]

 

 

 

La transsubstantiation de la matière brute en art est un concept éculé depuis cent ans. Ras le bol.

 

***

 

C'est intéressant mais n'aurait-il pas été judicieux de traduire les cartels en français ?

 

***

 

Cette exposition nous met face à nos contradictions d'êtres humains, elle est une réussite totale, il n'y a rien à en retirer. C'est une claque à nos consciences abruties de conformisme, merci à Monsieur le maire, c'est à cela que doit servir l'art aujourd'hui.

 

***

 

Fallait-il VRAIMENT que les pénis collés sur les toiles fussent authentiques ?

 

***

 

Je retourne au baroque.

 

***

 

Bravo aux artistes, et bravo au musée d'avoir eu l'audace de programmer cette exposition.

 

***

 

Qu'on me donne le conservateur de ce musée, j'en fais une performance sous forme de steak haché.

 

***

 

Julie je te kiffe à mort.

 

***

 

Fallait-il également que les spectateurs dussent traverser un tapis de matières fécales pour accéder aux œuvres, même en fournissant les bottes ? 

 

***

 

On retrouve dans les salles le même vide que dans l'esprit des « artistes ».

 

***

 

Il n'y a plus de modernité de l'art.


***

 

J'aurais voulu ne pas venir. Trop tard.

 

 

***

 

Ravi de lire tous ces pisse-vinaigre au dessus, ils auront au moins quelque chose à raconter. Les nazis aussi parlaient de dégénérescence de l'art.

 

***

 

Si, il y a une modernité de l'art, il faut passer vite devant ces œuvres, tracer, filer, ce n'est pas tant l’œuvre en elle-même qui a de l'importance mais l'idée de l'accumulation, tout est accumulation, pas de place pour l'exemplarité, l'art se désincarne, l'art est partout, et c'est en ce sens qu'il est moderne, l'homme est dépassé par l'humain.

 

 

***

 

L'acharnement spirituel du concept de flou est une pollution de l'âme, la rétractation de la matière blesse l'orgueil du monde, chutes, fournaises, allégories, bien-pensance, les musées sont les mouroirs de l'art.

 

***

 

Au moins, la mairie fera des économies de gardiennage, je ne vois pas qui pourrait avoir l'idée de voler un tapis de matières fécales.

 

 

 

 

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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 09:35

[Lire d'abord le texte 162] 

 

RÉPONSE DE JACQUES D'OMBREVILLE À LA DIATRIBE REÇUE D'ISIDORE DUPONT D'ALIGNAN LORS DE LA SÉANCE DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES LETTRES DE MONTPELLIER DU 14 MAI 1783, RÉPONSE RENDUE EN DERNIÈRE INTERVENTION LORS DE LA MÊME SÉANCE.

 

 

Chers académiciens, chers confrères,

 

Je veux en premier lieu remercier cette assemblée de me donner la parole une dernière fois, car je conçois, pour les raisons que vous savez, que je doive me démettre, sans toutefois me soumettre. La réfutation de mon opuscule par le sieur d'Alignan, sa charge de cheval emballé devrais-je dire, me fut pénible, cela va sans dire, et longtemps j'en garderai l'offense chevillée au cœur. Eh quoi ! Eut-il donc fallu que je renonçasse à ma théorie pour lui complaire ? Que je ne l'imprimasse point alors que je la crois avérée ? Eut-il donc fallu que je cédasse à la raillerie en me gaussant de moi-même, comme nombre d'entre vous l'ont déjà fait à cette même tribune ? Ce serait mal me connaître, mais pourtant chers amis, je ne suis point là pour relancer la querelle et je me garderai d'opposer aux siens mes arguments. La colère ne peut qu'alimenter la colère, nous perdrions tous notre temps à ces enfantillages.

Tempérez vos soupirs messieurs, vous qui fîtes allégeance à la manne d'Alignan. Vous qui déjà, êtes tout acquis à sa cause serez soulagés de mon encombrante présence d'ici peu. D'ici peu vous pourrez continuer à gloser sur les sujets les plus futiles en renonçant à vous occuper de l'essentiel. Tempérez vos soupirs, vous pourrez en toute tranquillité médire sur mon compte dans les soirées, briller par vos mots d'esprit tout en ne cessant de vous épancher sur les limites du mien.

 

Oui d'Alignan, j'ai rougi à votre diatribe tantôt, mais ce n'est ni l'indignation ni la colère qui en furent la cause, pas plus le nœud de mon jabot, votre imagination a rompu les digues, c'est de honte que le pourpre m'est monté au front, la honte de voir que pouvait s'exprimer ici la bassesse la plus mesquine sans d'autres arguties que celles dictées par une rancœur personnelle servie par votre rhétorique de tribunal.

Vous avez brandi contre moi le glaive de la vengeance, vous en prenant à ces quelques pages, dont certes, je reconnais qu'elles ne feront pas date dans l'histoire, mais je n'ai jamais eu cette ambition, vous le savez, et lorsque vous me voyez me comparant à Voltaire, c'est le rire cette fois qui me monte à la gorge. Mais de Voltaire, si je ne me reconnais pas l'art de la narration, je tâcherai de m'approcher au plus près de ce qui l'a rendu grand, l'art de se défendre contre les puissants.

Puissant d'Alignan ? Encore faudrait-il en être sûr. Un petit puissant. Deux mots vous en conviendrez se trouvant fort mal accolés l'un à l'autre. Un petit puissant régnant comme un grand tyran sur une assemblée de béats confits de reconnaissance et d'admiration feintes. Allons, regardez-vous messieurs. Je vais quitter la place, certes, mais regardez-vous donc, qu'avez-vous à gagner à ce que le premier contradicteur en soit évincé ? N'avez-vous pas encore avoué à vos pauvres esprits allant au rythme de la passacaille que vous n'avez point d'autre dessein que celui d'affirmer votre appartenance à la société des privilèges, de vous rengorger de votre supposée grandeur ?

 

Messieurs, je ne doute pas un instant que vous suivrez les préconisations du sieur d'Alignan car sans lui c'est le fonctionnement même de l'Académie qui serait remis en question. Sans lui les portes des imprimeurs vous seraient fermées et l'expression de vos lumières ne saurait trouver l'abri qu'elles méritent, ceci ne se peut contester ; sans lui, cette demeure même ne pourrait abriter vos réunions si fécondes et vous vous verriez peu glorieux à les tenir en des lieux sans aucun doute moins prestigieux.

Cette assemblée devrait porter son nom, les choses en seraient simplifiées et chacun saurait à quoi s'en tenir en y faisant son entrée. Qu'en pensez-vous d'Alignan ? Vous aurez beau dire, il vous est facile d'attaquer qui vous souhaitez, vous ne vous en privâtes point dans le passé, et mon ami de Falquières en fit naguère les frais lorsque vous lui demandâtes de présenter des excuses publiques à cette même tribune, lorsque vous l'humiliâtes en le raillant de chaque pièce de son projet de véhicule automobile, pour mettre ensuite votre nom en lieu et place du sien et transmettre ledit projet à l’Académie royale des sciences. De Falquières, celui-là même que je vois ici le front baissé, n'osant même porter sur moi son regard. Allons de Falquières, vous vous ralliez à la masse, c'est dans la nature humaine, je n'en prends pas ombrage, vous savez que la rancune ne m'est pas coutumière, j'espère simplement qu'à l'avenir vous ne raserez pas les murs, me voyant arriver face à vous.

 

Je vois au silence qui s'impose que je n'ai pas pris un chemin détourné.

Je vous libère messieurs, vous n'aurez pas à prononcer la sentence demandée, je me retire de mon propre chef et vous laisse patauger dans vos miasmes de déférence au maître des lieux.

 

 


 

 

 

2013 0440

 

 


 

 

 

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21 septembre 2013 6 21 /09 /septembre /2013 17:50

 

MÉMOIRE ADRÉSSÉ À L'ACADÉMIE DES SCIENCES ET BELLES LETTRES DE MONTPELLIER ET DÉFENDU EN SÉANCE D'ICELLE LE 14 MAI 1783, PORTANT RÉFUTATION DE LA THÈSE DU SIEUR JACQUES D'OMBREVILLE SELON LAQUELLE LES INSTRUMENTS DE MUSIQUE AURAIENT UNE ÂME. PAR ISIDORE DUPONT D'ALIGNAN, PROPRIÉTAIRE HUMANISTE. 

 

 

Chers académiciens, chers confrères,

 

 

Les bancs de notre académie on vu défiler quantité de savants dont nous pouvons honorer la mémoire et à propos desquels nous devons nous enorgueillir des lumières qu'ils ont apportées au monde. Mais notre histoire hélas est aussi constellée de quelques uns de ces faux-savants dont la seule vertu est de se parer des atours de la science sans que leur nature ne se montre jamais à la hauteur de leur art prétendu.

Permettez-moi tout d'abord de faire un rapide exposé de la théorie de monsieur d'Ombreville, lequel, tout à sa foi aveugle a publié un ridicule opuscule grâce auquel il envisage certainement de passer à la postérité aux côtés du sieur Arouet. Pardonnez-moi le sarcasme, mais n'est pas Voltaire qui veut. Car la véracité d'une opinion n'est pas conséquente à son émission.

Cet individu ci-présent ne mérite pas sa place sur les bancs de cette digne assemblée, parmi les plus brillantes figures de notre temps.

Qu'en est-il de sa théorie ? Elle n'est qu'un ramassis de crétinisme fait à la mode, pour se hausser du col ; fatuité d'un personnage ne cherchant qu'à se rendre premier parmi les premiers au risque de discréditer l'ensemble des savants ; orgueil démesuré, sentiment de supériorité que rien ne permet de justifier. Rendons grâce à Dieu que le peuple ne s'intéresse pas à nos affaires, nous serions à l'heure qu'il est la risée de la France entière. Je vous en prie d'Ombreville, vous eûtes votre heure de gloire à cette même tribune, laissez-moi mener ma démonstration à son terme. Ce personnage, qui a l'outrecuidance de jouer les offensés, ce personnage-là messieurs les académiciens, prétend que les instruments de musique ont une âme. Rien de moins. Des choses faites de bois et de métal, de tripes de chat et de crin de cheval. Cher bigot d'Ombreville, en lieu et place de défendre vos croyances par votre opuscule, vous ne fîtes qu'en révéler les limites, souffrez-en la critique et défaites-vous de votre jabot au risque de périr sur l'heure étouffé dans votre indignation et par son nœud trop serré, vous êtes tout rouge.

Oui messieurs, car il va de soi que si les instruments de musique ont une âme c'est qu'il les prétend habités du souffle de Dieu. Imaginerait-on un objet – un objet messieurs ! - habité du souffle de Dieu ? D'Ombreville, il m'a rarement été donné de tant rire à la lecture d'un ouvrage prétendument destiné à servir la science.

Je ne peux résister à la tentation chers collègues de vous en faire lecture de quelque passage, cette licence que je m'octroie d'occuper à cela une part de votre temps me sera pardonnée au plaisir que vous y prendrez.

Voici donc :

« Là où la nature ne se peut jamais ordonner en une suite logique de sons le basson peut le faire. Nous passons ici de l'innocence de l'oisillon poussant ses trilles au hasard, à la présence du clavecin organisant les accords, la mélodie, modulant le tempo. Le chant du ruisseau menu de nos montagnes est dû à la seule déclivité du terrain, celui de la harpe tout au contraire fait image de l'organisation de l'univers. Le musicien n'est pour rien à l'affaire, il n'est qu'un instrument au service de son instrument, lui même habité d'une volonté supérieure. Il nous paraît inutile de pousser plus loin la démonstration tant elle est criante de vérité, si la chose est possible c'est que le souffle de Dieu court sur les archets et les cordes des violes, se glisse dans les cors et les bassons. Dieu est partout donc Dieu est ici. »

 

Douze pages. Douze feuillets arrachés à la stupidité. Et fort heureusement vous nous fîtes l'épargne, d'Ombreville d'étaler votre galimatias sur des centaines de pages. Mais je crois que cela est dû davantage à la pauvreté de votre pensée qu'à l'envie que vous en eûtes. Vous dûtes surseoir, j'en suis certain, tari par la maigre épaisseur de votre pensée, et par la propension que vous avez à dire les choses dans leur plus simple appareil.

S'il vous eût été donné la faculté de le faire, si votre Dieu n'avait pas été aussi avare de verser en vous le talent le permettant, nul doute que vous eussiez empli des cahiers entiers de cette science pour boutiquiers.

 

Je vous épargnerai, messieurs, le passage suivant dans lequel celui qu'il faut bien nommer l’auteur, prétend que les femmes ayant leurs menstrues ne doivent pas s'approcher d'un orchestre en train de jouer, ni même de la salle où le concert est donné, au risque que les instruments se désaccordent et que l'ensemble se mette à jouer faux. A-t-on déjà entendu pareilles billevesées ? Mais baste, je crois que chacun ici a compris de quoi il retourne, laissons à d'Ombreville la responsabilité de ses assertions, lesquelles, chacun le sait ne se rapportent en réalité qu'aux liquides en fermentation.

 

Il est un fait que même l'être le plus vil et le plus bas, même le plus fermé à la connaissance, et aux Ecritures, même celui-là sait que la seule création de Dieu est l'homme. Ce préalable aurait dû arrêter notre homme aux portes de l'imprimeur.

Avez-vous songé à ceci d'Ombreville, que si l'affaire que vous défendez était telle que vous la dites, l'ensemble des instruments de musique auraient dû se trouver dans le jardin d'Eden, aux côtés d'Adam, en tant que création divine ? Que je sache, à moins d'avoir mal lu, les Saintes Ecritures, ne mentionnent pas ce fait. Mettre cela sur le compte d'un oubli c'est faire offense aux Saintes Ecritures, en d'autres temps cela vous eut valu le bûcher.

 

L'âme d'un instrument de musique cher d'Ombreville, ne vaut que par celui qui en joue. Mettez un niais à un clavecin vous n'y trouverez que du bruit, des sons sans suite que d'aucune façon vous ne sauriez nommer musique. Il faut à l'instrument la délicatesse du musicien, sa lecture de l’œuvre, sa puissance, son corps, son harmonie, en un mot il faut à la musique l'âme d'un homme.

D'ombreville est bien né mais la naissance ne fait pas le savant ; il conviendra tantôt de nous signifier qu'elle n'est pour rien aux qualités de l'esprit.

 

En conséquence à cette affaire, je propose que le sieur d'Ombreville soit démis de sa qualité de correspondant de l'Académie et qu'il lui soit désormais interdit de faire figurer le nom d'icelle sur les ouvrages qu'il publierait à l'avenir.

Si l'Académie ne me suivait pas dans cette proposition je m'en retirerais de mon propre chef, lui laissant responsabilité de donner crédit aux pires sottises de ses membres.

 

 

 

  2013 0202

 

 

 


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14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 08:09

 

 

DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE DES MOTS INDISPENSABLES MAIS ABSENTS DE LA LANGUE FRANÇAISE. CONTRIBUTION 7, SPECIAL LITTÉRATURE.

 

 

BALZAQUEUX, -EUSE [balzakø, -œz] Adj. —

Ecrivain se croyant parvenu.

 

CENTCINQUANTITE [sãsɛkãtit] Subst. fem. —

Obsession du romancier d'atteindre au moins les cent cinquante pages de son manuscrit (corps 12, 25 lignes/page) pour pouvoir le présenter à un éditeur. En dessous de ce seuil, quelle que soit la valeur du texte, il devra se considérer comme un vulgaire nouvelliste, voire se suicider.

 

FRISSULES [frisyl] Subst. fem. pl. invar.

Prétextes que les écrivains se donnent pour ne pas se mettre au travail. Quelques exemples parmi des milliers :

 

J'ai fini un roman le mois dernier, je suis vide.

Je dois sortir le chien.

Je n'ai rien à dire.

J'attends un coup de fil.

L'écriture me fuit ces temps-ci.

Je me suis cassé les deux poignets.

J'ai faim.

L'ordinateur a bugué.

La vraie vie, ce n'est pas l'écriture.

Je n'ai plus de cartouche d'encre pour le seul stylo avec lequel je peux écrire.

De toute façon je vais arrêter d'écrire.

Il pleut.

Il ne pleut pas.

Je dois faire la tournée des bars pour alimenter mon écriture.

Mon fils joue sur mon ordinateur.

Je vais mourir, alors à quoi bon.

Il me faudrait un cahier neuf, je n'en ai pas, c'est dimanche.

Je crois que je ne suis pas vraiment un écrivain.

Je suis un écrivain et tous les écrivains ont des passages à vide.

J'ai égaré mon taille-crayon.

Je dois d'abord boire un café, fumer une cigarette, nettoyer la salle de bains, boire un café, fumer une cigarette, boire un café, écouter l'émission de France Culture sur Marguerite Duras, boire un café, fumer une cigarette, téléphoner à mon mec/ma belle, manger une banane, boire un café, et fumer une cigarette. Après je verrai.

 

GORGEONNE [goRʒõ] Subst. fem. —

Légère cavité pratiquée dans les os du majeur, entre la phalangine et la phalangette, due à la pression prolongée du stylo.

Encycl. L'écrivain est fier de sa gorgeonne, il la cultive, l'entretient comme une preuve de son art, quand bien même se sert-il avant tout pour écrire d'un clavier d'ordinateur.

Il en est de certains écrivains qui pour maintenir ce mythe du don de soi dorment un stylo appliqué sur la gorgeonne par du ruban adhésif et le retirent au matin, appréciant au passage d'un doigt caressant les bienfaits de la pratique.

 

LITTÉRER [liteRe]Verbe

Mettre ses pensées en forme littéraire, penser en construisant des phrases élaborées, avec une volonté narrative, y compris pour les choses les plus ordinaires de la vie.

Ce processus assez fréquent trouve son apogée lorsqu'un individu pense en parlant de lui à la troisième personne du singulier et en conjuguant tous les verbes de ses pensées à l'imparfait.

Dériv. : Littéreur.

Quand la plupart des gens pensent : « Je dois sortir acheter du pain », le littéreur pense : « S'il voulait s'alimenter, il devait aller affronter le monde en quête de pitance ».

 

LOGOMACHER [logomaʃe]Verbe —

Action de s'autodétruire, stylistiquement parlant. Défaut de tout apprenti-écrivain voulant montrer de quoi il est capable.

Partant du principe que plus un texte est obscur et impénétrable, et plus il semble intelligent, le candidat à la postérité fait tout pour rendre le sien incompréhensible. Cela peut se manifester par des phrases interminables dans lesquelles le lecteur meurt étouffé (voir aussi PROUSTISME), par une syntaxe si tordue qu'on croirait lire une langue étrangère, ou par l'abus de mots savants inusités depuis quatre siècles.

 

RAVALOIR [RavaloaR] Subst. masc.

Somme qu'un éditeur fait miroiter à un écrivain, mais qu'il ne peut lui octroyer pour l'instant car il n'est pas assez connu. Le ravaloir est proportionnel au nombre d'exemplaires invendus du précédent livre et à la fréquence des non-passages télé de l'écrivain.

A son échelle, l'écrivain débutant trouve le ravaloir astronomique, il lui tarde d'être célèbre.

 

SATANURGE [satãuRʒ] Subst. masc. —

Ecrivain usant de malveillance envers ses personnages.

 

SOLTE [sɔlt] Subst. fem. —

Figure de style littéraire consistant à.

 

TROTROLOGIE [tRotoloʒi] Subst. fem. —

Négligence de style volontaire consistant à délayer sur trois cents pages un roman qui tiendrait en une nouvelle.

 

 

 

2013 0193

 

 

Pour retrouver l'intégralité du dictionnaire, c'est  ICI

 

 

 

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7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 23:42

 

CHRONIQUE D'UNE DRAMATURGIE ANNONCÉE: LISTE NON EXHAUSTIVE DES INVITÉS À LA CÉRÉMONIE DE MARIAGE DE SOPHIE ET YVES, 14 AOUT 2013.

 

 

Les mariés

 

Sophie Saumurd 26 ans, webmaster pour un journal gratuit d'annonces culturelles. Passionnée de jeux vidéo. Voulait devenir une star mais sans avoir à prendre de cours de comédie ; elle a été élue miss Béthune 2002.

A vécu en couple deux ans avec François, le meilleur ami de son futur mari avant de se décider, un mois plus tôt à épouser Yves.

Ne rechigne pas à se rouler un joint de temps en temps, en écoutant de la musique psychédélique des années soixante dix.

 

Yves Forgnier 32 ans. Agent commercial Se trouve physiquement laid et considère comme un miracle de pouvoir épouser Sophie. Suit un traitement depuis son adolescence pour tenter, mais en vain, de faire disparaître les boutons qui constellent son visage. Le surnom de «calculette »  l'a suivi de l'école primaire jusqu'à l'université. En dehors de Sophie, on ne lui connaît aucune passion particulière – mais dès que Sophie pose sa main sur lui, il se sent comme un caillou chaud descendant au fond de l'eau.

 

 

Les parents de la mariée

 

Magalie Saumurd, née Cabezatorta, 53 ans, journaliste au quotidien local. Ne voit pas d'un très bon œil ce mariage décidé à la hâte et – elle en mettrait ses deux mains à couper –, par dépit.

S'endormira mollement sur le coup des minuit, grisée de Marie Brizard et de musique, sans que personne ne le remarque ou n'y fasse cas, pour être réveillée une grosse heure plus tard par des cris dans la sono.

 

Sylvain Saumurd, 54 ans, chirurgien dentiste. Il a détesté Yves à l'instant où Sophie le lui a présenté. D'une détestation, pleine, massive, et sans faille. De fait, pour éviter tout rapprochement entre les deux familles, il n'adressera pratiquement pas la parole aux parents de Yves de la soirée, lesquels s'évertueront au contraire, du moins au début de la cérémonie, à entretenir avec eux des liens que les conventions sociales semblent vouloir nouer en pareilles circonstances.

A minuit dix, son niveau d'alcoolémie lui permettant toutes les audaces et le rendant invisible, il parviendra à entraîner Jeanne à l'étage supérieur. Une heure plus tard, à une heure dix, ils redescendront sur la pointe des pieds les marches du grand escalier sous l'œil amusé des trois quarts des convives car, à l'instant où ils entrent dans leur champ de vision, au milieu de l'escalier donnant sur le hall d'accès à la grande salle de réception, le DJ hurle dans son micro : « Ah ! Enfin, les voilà qui reviennent ! »

 

Les parents du marié

 

Sandrine Lomé, née Lépicier, 45 ans, sans emploi, entretient l'appartement et procure quelques subsides au couple en faisant des heures de ménage dans le quartier.

 

Serge Lomé, 49 ans, ouvrier électricien dans une grande entreprise de rénovation de bâtiments anciens.

Pour le couple, la situation de chirurgien dentiste est un sommet dans la réussite sociale – ils ne savent pas, bien entendu, que de toutes les professions, ce sont les chirurgiens dentistes qui ont le taux de suicide le plus élevé. Tout à leur écrasante infériorité sociale il leur semble normal qu'un chirurgien dentiste s'écarte d'aussi piètres personnes que les leurs si elles essaient de s'approcher. Lorsque Serge compare leur situation à celle d'un chirurgien dentiste, et lorsqu'il lui fait face, il se sent dans la peau d'un serf face au seigneur, dans les temps éloignés du moyen-âge. A une heure douze, après le quatrième passage des bouteilles de Champagne, à l'heure où Sylvain Saumurd parvient au bas de l'escalier, Serge sent monter en lui le souvenir de son père, la révolte permanente qui l'habitait, sa haine des nantis, et, las des rebuffades et des sourires narquois, se levant d'un coup, tête haute et menton en avant, poings serrés le long du corps, c'est d'un pas décidé qu'il marchera vers Sylvain Saumurd, en même temps que vers la reconquête de sa dignité.

 

Les amis des mariés

 

Cécile, Pauline, Jeanne. Forment avec Sophie un quatuor inséparable depuis leur adolescence et leurs études dans le même lycée. Elles ont œuvré sans relâche à faire capoter ce mariage, estimant Yves mou, veule, fuyant, terne, éternellement insatisfait, incapable de prendre une décision, trop romantique, pas assez musclé, pas assez sportif, imaginant, comme l'a dit Jeanne à plusieurs reprises, étant donné son niveau de servilité vis à vis de Sophie, « qu'il ne devait pas être une affaire, au lit » - ce que Sophie n'a jamais confirmé ni démenti. Aucune des trois n'osera toutefois s'opposer ouvertement au mariage, au moment où l'officier d'état-civil pose la fameuse question à l'assemblée. En réalité, cette haine à peine dissimulée pour Yves relève plus de la jalousie envers Sophie qui a su, pensent-elles toutes trois en secret, s'asseoir sur leurs critères de sélection des mâles, leurs exigences déraisonnables qui les confinent dans une solitude moderne mais subie.

Quel meilleur moment qu'un mariage, pensent-elles chacune dans leur coin, pour essayer de changer le cours de choses.

 

Pierre Pavon, 37 ans, ingénieur des ponts et chaussées, séducteur insatiable, collectionneur de conquêtes, n'a jamais voulu se marier pour ne pas « à cause d'une, se priver de toutes les autres ».

 

Samuel Mescladissa, 32 ans professeur de mathématiques. Secrètement amoureux de Pierre depuis toujours

 

Julien Urgens, 42 ans, dermatologue. Roule en Hamer six roues parce que c'est la plus grosse voiture sur le marché – même si, de ce fait, la plupart des ruelles de la ville lui sont interdites –, il fume les cigares les plus chers qu'il trouve, et quand il sort, ne commande que du Champagne, quelle que soit l'heure de la journée. Il a construit une partie de sa fortune grâce à la peau du marié.

 

 

La famille de la mariée

 

Capucine Saumurd 24 ans, sœur de Sophie. Au cours de la soirée va se laisser caresser la cuisse par Pierre Pavon, danser longtemps avec lui, puis, ayant bu au delà du raisonnable trouvera normal de se laisser entraîner dans les toilettes, de se laisser remonter la jupe, d'autoriser des doigts à entrer en elle, jusqu'à ce que Samuel les surprenne, il est alors une heure treize, lui pantalon aux chevilles, elle à genoux devant lui, son sexe dans sa bouche, vêtements en tous sens, dans cette pose grotesque pour un regard extérieur et qui déclenche en Samuel la montée d'une colère terrible, la colère de la frustration accumulée et de la mise devant le fait accompli, la colère du désespoir.

 

Hector Mautalent, époux de Michèle, frère de Magalie, 45 ans, canard noir de la famille. Vingt ans plus tôt, il a quitté la faculté de pharmacie en dernière année sans passer son diplôme, et depuis, drapé dans son honneur bafoué, rejetant sur le monde la responsabilité de sa situation, il accumule les échecs professionnels, et vit aux dépends d'une épouse qu'il méprise. A minuit cinquante huit, il a une conversation avec un inconnu auquel il révèle en quelques secondes qu'il entretient des relations sexuelles avec trois femmes différentes – en plus de son épouse, bien entendu, avec laquelle, il n'entretient plus rien depuis des années -, « des bombasses de première catégorie », ce sont ses propres termes, « chaudes comme l'intérieur d'un volcan, tu peux pas savoir mon gars comme il y a des femmes qui n'attendent que ça, un coup de queue de temps en temps ».

 

Michèle Mautalent, née Gavache, épouse d'Hector, assistante de direction dans un cabinet de notaires, survient sur ces entrefaites, avec à la main, à peine dissimulé le long de sa jambe, le couteau initialement prévu pour le découpage de la pièce montée, actuellement au centre de la table d'honneur, et dont personne ne s'occupe.

 

Les familles éloignées (quelques archétypes)

 

Ludivine Ménestre, 17 ans, lycéenne. Adore Sophie et ne veut en rien lui nuire. Mais elle a décidé de choisir la soirée de mariage pour pratiquer à l'encontre de ses parents une forme de vengeance définitive envers ce qu'elle nomme la parodie d'éducation qu'elle a reçue. A son tribunal intérieur, elle va se convoquer en tant que seul témoin à charge, laissant flotter sur ses lèvres un éternel sourire satisfait. Elle est assise entre ses parents, leur parle sans les regarder, elle fixe droit devant elle un point au loin sur lequel elle a posé les yeux pour soutenir sa détermination. Voici le début de son discours, à minuit cinquante deux, il va durer douze minutes.

« Il faut que je vous parle, je vais vous parler maintenant, laissez-moi parler sans m'interrompre, quand j'aurai fini vous pourrez dire tout ce que vous voudrez. Vous vous êtes vus tous les deux comme vous êtes mous ? Dites, vous vous êtes vus ? Vous êtes lâches aussi, bien sûr, sinon la mollesse en soi n'est pas forcément négative. La vôtre oui. Vous fuyez vos responsabilités. J'ai toujours fait ce que j'ai voulu et aujourd'hui je suis une conne, je ressemble à rien, je n'ai aucune limite, c'est de votre faute. Ne me regardez pas comme ça, vous allez perdre la face devant les autres. Regardez devant, j'ai dit. Et toi papa ferme la bouche, tu baves. Je vous juge oui, parce qu'il faut bien que quelqu'un le fasse. N'imaginez pas que ça me fait plaisir. Bon, si, finalement ça me fait plaisir. Depuis que j'attendais ça. Réunir assez de courage pour vous parler. Et là c'est le pied total. La princesse ! Tu parles. Peut-être si une fois dans ma vie j'avais entendu « non », je n'en serais pas là. Et vous non plus. J'ai plein de trucs à dire, je ne sais pas par où commencer. Attendez, si, je sais. Ton attitude papa, ton attitude m'a déjà écarté des garçons. Bein oui, faut pas laisser traîner ton portable comme ça. J'ai l'impression que tous les mecs sont pareils, dès qu'on a le dos tourné ils cherchent à sauter tout ce qui passe à portée. Remarquez, c'était déjà pas terrible avant, je n'ai jamais apprécié leur façon de me toucher, et leur truc me dégoûte, je n'y peux rien, pour moi le sperme c'est sale, mais passons, alors du coup vous voyez, je m'intéresse davantage aux filles, oh non maman, pas la peine de pleurer pour ça, je te promets que je vaux pas la peine qu'on pleure sur moi, je t'assure, et ne me regarde pas avec cet air de compassion, ce n'est pas une maladie, si tu savais la délicatesse des filles à côté des garçons... Bref tout ça pour dire que si jamais tu t'approches à nouveau de Mélanie, papa, si jamais tu lui passes les mains sur les fesses comme tu l'as fait la dernière fois qu'elle est venue à la maison, je te promets que je t'arrache un œil, je le promets devant maman et je te le jure sur la tête de mamie, je t'arrache un œil. »

 

Tante Wally, 63 ans, veuve, vit sur le confortable matelas d'épargne (quatre millions d'euros) hérité de son mari sans se priver de rien, mais sans faire non plus de folie, elle veut garder de quoi payer une maison de retraite lorsqu'elle sera trop âgée pour vivre seule. Elle ne déroge jamais à la règle de ne pas dépenser plus de mille cinq cents euros par mois, quoi qu'il arrive.

 

Tony Saumurd, 6 ans et demi, petit-fils du frère aîné de Sylvain Saumurd. Passera une grande partie de la soirée sur une tablette tactile récemment reçue en cadeau, puis, lassé par la trop grande facilité des jeux, tandis que les adultes sont occupés à leurs affaires sérieuses, il commencera la tournée des tables pour, discrètement vider les fonds de verres d'alcool négligés par leurs propriétaires et en éprouver dans sa gorge la rugosité et dans sa tête la joie du franchissement de l'interdit. Il emploiera ensuite toute son énergie à trouver un briquet sans surveillance, car pour lui la flamme qui s'en échappe lorsqu'on le manipule est un mystère en même temps qu'une grande joie. En ayant trouvé un sous une table il parviendra à l'allumer, juste au dessous de la retombée de la nappe sur laquelle, quelques minutes auparavant a été renversé un verre de Cognac.

Il est alors 1 heure treize.

 

Cousin Pierre-Marie Magerot, 33 ans, se définit lui-même comme un aventurier des temps modernes. Il a emprunté 20 000 euros à la tante Wally deux ans en arrière pour les investir dans une affaire qui ne pouvait pas échouer, la création avec son meilleur ami Samson de la filiale française d'une société de vente de publicité sur Internet. En réalité il s'agissait d'une escroquerie à l'échelle internationale, la société mère, basée à Hong-Kong, s'est dissoute dans la nature, et la plainte qu'il a déposée n'a jamais abouti. Depuis deux ans il cache la vérité à la tante Wally, lui assurant que les bénéfices vont rentrer sous peu. Samson est également invité au mariage.

A minuit cinquante deux, presque ivre, Pierre-Marie montera sur une chaise pour déclamer à l'auditoire que le marié, Samson, et lui-même sont les trois plus grands cocus de l'histoire. La tante Wally, qui n'est pas tombée de la dernière pluie, comprendra aussitôt qu'elle peut s'asseoir sur ses vingt mille euros. La noce se divisera en plusieurs camps, les uns pour défendre la naïveté des apprentis investisseurs, d'autres pour les enfoncer et exiger le remboursement, d'autres enfin pour s'inscrire en faux contre les assertions de cocuage proférées à l'encontre du marié.

Les clans se scinderont à l'identique du différend qui a opposé des membres de la famille en 1992, lorsque la tante Wally a refusé d'assister à l'enterrement de Jean Saumurd, grand-père de Sophie, car elle se sentait lésée par le testament, n'ayant reçu en tout et pour tout qu'un vingtième non négociable de la maison des Cévennes. A une heure zéro neuf, quelques uns des représentants mâles des trois clans en sont au stade des insultes et s'invitent mutuellement à sortir dans le jardin pour régler cette affaire entre hommes.

 

Cousin Christian Reuge. quarante-quatre ans, autoproclamé artiste plasticien sans jamais avoir peint une toile digne de ce nom, ni réalisé la moindre installation. Il est, dit-il, en phase de mûrissement artistique depuis ses dix-neuf ans et se laisse entretenir par son père sans aucun état d'âme, l'art n'étant pas négociable avec les contingences matérielles.

Il est une heure onze lorsque son père, assis face à lui, trouve dans l'alcool le courage de décocher la phrase : « Des glandeurs y'en a eu dans la famille, mais toi tu bats le record du monde, dorénavant t'auras plus un rond. » Christian se lève et saisit son père aux revers, le soulève, le tire, l'arrache presque à sa chaise, et puis se ravise, le relâche, c'est ton père se dit-il, tu ne vas quand même pas frapper ton père – le père s'effondrant alors mollement sur sa chaise, un rictus de douleur intense sur le visage, une main crispée sur sa poitrine.

 

 

 

 

  2013 0321

 

 

 

 

 


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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 11:34

 

APPEL TELEPHONIQUE D'ALEXANDRE GALORT, 3 JANVIER 2013, BLAGNAC (HAUTE GARONNE, FRANCE)

 

Note que je lui avais rien demandé, moi, mais il me chope par les revers et me dit, il avait les yeux qui sortaient de la tête tu vois, comme fou, il était en peignoir, t'imagines, à 15 heures je l'ai trouvé dans la rue en peignoir, il parlait seul, il arpentait la rue à grand pas en parlant seul, les cheveux en bataille, hagard, attends j'y viens, c'est important le contexte, je savais que Ghislaine était partie m'enfin, bon, Ghislaine, y'avait pas de quoi se taper la tête contre les murs non plus, hein, tu l'as connue Ghislaine, attends je te dis, mais là, sur le coup j'ai cru qu'il l'avait tuée tu vois, il était tellement perturbé, non, je ne sais pas, elle aurait pu revenir prendre ses affaires par exemple, et lui crac un moment d'affolement, ça arrive des trucs comme ça, y'en a plein les journaux, tu lis pas les journaux ? mais c'était pas ça, elle est pas du tout revenue, elle est partie vivre chez sa sœur, non parce que franchement je la vois pas avec un autre mec, Ghislaine, tu la vois toi avec un autre mec ? enfin je veux dire qu'il faudrait le trouver le mec capable de monter sur Ghislaine, y'avait que lui pour ça, et en le voyant comme ça je me suis dit c'est pas possible, c'est pas Ghislaine qui peut le mettre à l'envers comme ça, personne se mettrait dans cet état pour Ghislaine, oui c'est ce que je me suis dit aussi, il est fou, tu vois, t'as le même raisonnement que moi, il est fou, surtout que Ghislaine, hein, comme emmerdeuse on fait pas mieux, tu peux pas rêver de passer ta vie avec une emmerdeuse pareille, mais passons, c'est pas pour ça que je t'appelle, quand je l'ai trouvé il avait un petit filet de bave qui coulait au coin de la bouche, aussi, et dès qu'il m'a vu il s'est jeté sur moi et m'a serré dans ses bras, j'aurais jamais cru qu'il avait autant de force, on le dirait pas à le voir, je savais pas quoi faire, j'étais gêné, tu me connais, j'aime pas ce genre d'effusions, et puis y'avait sa bave qui collait à ma chemise, et en plus il puait comme s'il s'était pas lavé d'une semaine, une odeur d'oreille sale mais partout sur lui tu vois, non faut pas épargner les détails, qu'est-ce que tu racontes, faut pas les épargner les détails sinon tu comprendras rien, d'ailleurs je pense qu'il s'était pas lavé depuis une semaine, depuis le départ de Ghislaine en fait, un mec tu le relâches comme ça dans la nature, la bête est jamais très loin, et puis bon je me disais il a dû se passer un truc vachement grave pour le mettre dans cet état, et bein tu sais ce qu'il me dit ? il avait une voix, je te jure, mais une voix, comme s'il avait avalé une brouette de sable, alors je lui dis, parce que je voyais bien qu'il allait pas bien, je lui dis mais qu'est-ce-que tu fais là Jean-Pierre, dans la rue en peignoir à quinze heures, et c'est là qu'il me dit j'attends qu'elle ait fini son yoga, qui ça elle ? je lui réponds, je voyais personne en train de faire du yoga dans la rue, ma voisine d'en face il me répond, elle est dans sa chambre en train de faire du yoga, je la vois de chez moi, au premier étage, elle a, elle a, elle a même pas de rideaux à ses fenêtres, là il s'arrête d'un coup, je vois des larmes couler sur ses joues, comme je te le dis, de vraies larmes, et il ajoute, et pis elle porte une sorte de justaucorps rose fuchsia qui porte bien son nom tellement il colle à sa peau, et à la fin de chaque séance un peu de sueur brille sur le haut de son torse, je n'ai jamais vu un si beau spectacle, forcément hein, il était mal habitué avec Ghislaine, c'est pas Ghislaine qu'aurait fait du yoga, un coup à se retrouver à l'hosto, alors je veux pas la rater, il rajoute, je veux lui dire que ça se fait pas de montrer son corps comme ça tordu dans toutes les positions aux voisins d'en face, ça pourrait leur donner des idées, et accessoirement l'inviter chez moi à prendre un thé, non mais tu te rends compte, oh, tu m'écoutes ? tu te rends compte, il me dit ça tranquille tu vois, comme ça, comme si c'était normal de boire du thé en body rose fuchsia.

 

 

 

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