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17 mars 2014 1 17 /03 /mars /2014 15:42

 

ROMANS INACHEVES (XII)


 

Chroniques de l'entonnoir. - Robinson Godblessyouplease, (Royaume-Uni)

 

Genre : Caftage sur canapé

 

Synopsis : A mi chemin entre fiction et réalité, un psychanalyste entreprend de rédiger des chroniques de ses plus étonnantes expériences professionnelles.

 

Première phrase : La belle affaire, Jonathan L. est traversé par la souffrance du monde, il la porte en lui, et sa compassion est immense ; l'imbécile parvient même à imaginer la douleur des hérons aux pattes prises dans des eaux gelées.

 

Motif de l'interruption : Au fur et à mesure de la rédaction, montées de bouffées d'angoisse face à la réaction prévisible de la sa corporation.

 

 

  ◊◊◊

 

 

 

Sans tenir compte de la vitesse du vent. - Tatiana Dessiatkov, (Russie)

 

Genre : Nouvelles confessions.

 

Synopsis : Une sportive de haut niveau brigue la médaille d'or aux prochains jeux olympiques. Elle s'entraîne inlassablement, inlassablement elle travaille le corps et l'esprit, car sa discipline, le tir à l'arc, demande de grandes capacités de concentration et d'introspection. A six mois des jeux, elle apprend au cours d'un entraînement que son compagnon s'est suicidé en se jetant sous un train. En quelques minutes, la médaille d'or va passer du statut de but d'une vie, à la chose la plus futile : un grain de poussière dans l'histoire de l'univers.

 

Première phrase : J'ai huit ans, derrière la vitre le paysage forme une barrière verdâtre d'éléments indéfinissables.

 

Motif de l'interruption : L'auteure a échoué dans sa jeunesse aux épreuves qualificatives des championnats de Russie de tir à l'arc. Elle a réalisé que ce roman, qui se voulait une dénonciation de la gloire éphémère, était en réalité un mensonge à elle-même, une justification de son échec.

 

 

  ◊◊◊

 

 

 

Vous êtes ici. - Rosa Malagueñasale (Mexique)

 

Genre : Onomastique narrative

 

Synopsis : A la suite d'un accident de voiture une jeune femme d'une trentaine d'années devient amnésique. Elle va tenter de reconstruire sa vie à travers la parole de son compagnon. Mais ce dernier joue-t-il franc-jeu ? Est-ce qu'il ne va pas profiter de la fragilité de sa compagne pour lui modeler un passé sur mesure ? Forcée de lui donner sa confiance, la jeune femme va se calquer sur ses dires jusqu'à ce qu'un détail la fasse basculer dans le doute, un simple nom de village mal placé dans l'histoire.

 

Première phrase : Demain je vais chez tonton Miguel, je n'échapperai pas à l'habituel tripotage de fesses mais au moins je repartirai avec de quoi finir le mois.

 

Motif de l'interruption : Ennui de l'auteure à l'écriture de son propre texte.

Se demandant ce qu'allait en penser le lecteur si elle-même s'ennuyait, elle a préféré stopper net à la moitié de l’œuvre.

 

 

 

◊◊◊

 

 

 

Cent une choses que je ferais si j'étais Tintin. - Bastien Blanquaert (Belgique)

 

Genre : Utopie littéraire.

 

Synopsis: Liste d'items commençant tous par la phrase « Si j'étais Tintin » proposant des alternatives aux attitudes de Tintin dans toutes les situations de vie.

 

Première phrase : Si j'étais Tintin, je coucherais une bonne fois pour toutes avec le capitaine Hadock.

 

Motif de l'interruption : Epuisement de l'imagination après trente cinq items.

 

 

 

 

 

 

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 18:08

 

ROMANS INACHEVÉS (XI)

 

 

La semence de l'écrivain. Roman Lesors, (France)

 

Genre : Fausse autobiographie à clés.

 

Synopsis : Un écrivain de renom écrit l'histoire d'un écrivain débutant qui compte bien devenir un écrivain de renom. Le jeune écrivain devra souffrir et trimer, puisque telle doit être la condition du jeune écrivain avant d'accéder à la gloire et à la reconnaissance universelles. Lorsqu'il sera parvenu au faîte de sa carrière, lesté d'une quarantaine de romans vendus à plus de cent mille exemplaires, tous pleins d'histoires d'amour et de complexité féminine, le vieil écrivain pourra chaque soir choisir parmi la cour de ses admiratrices celle qui sera digne de recevoir sa semence. Car le vieil écrivain aura alors une si haute opinion de lui-même qu'il n'accordera ce privilège qu'aux seules femmes capables de réciter plus de trente pages d'un de ses romans avec émotion et sincérité. Sa semence devra être considérée par toutes comme la quintessence de son génie créateur, celles qui feront la grimace en l'avalant seront répudiées et chassées, l'empereur des lettres qu'il sera alors devenu ne tolèrera plus pareille offense à sa personne.

 

Première phrase : Ludivine ! Oh le magnifique prénom, oh le prénom digne d'une personne de qualité, si la hauteur de sa nature est égale à celle de son prénom il me la faut absolument.

 

Motif de l'interruption : L'auteur a abandonné son projet après l'avoir résumé à son meilleur ami, et lui en avoir lu le premier chapitre. L'ami en question est resté terrassé par la bêtise du propos sans toutefois rien exprimer à haute voix ; il a juste dit : « Roman, tu t'es trompé de siècle ».

 

 

 

 

♦♦♦

 

 

 

 

Autobiographie d'une sardine. Clémence Greuckde (Belgique)

 

Genre : Confusions d'une enfant du siècle

 

Synopsis : Dans les années quatre-vingt le groupe de rock féminin post-punk Les sardines, a sillonné le pays en cassant des guitares sur les scènes de toutes les salles des fêtes. En février 1989, le lendemain d'un concert particulièrement violent, Aloïs, la bassiste du groupe est retrouvée morte au matin dans un bois proche de Reningen. Elle a manifestement été tuée à coups de bâton. Vingt-cinq ans plus tard, son amie Clémence, chanteuse et guitariste des Sardines, veut tenter d'avouer à travers ce roman qu'Aloïs a été victime d'un meurtre collectif pour avoir voulu quitter le groupe.

 

Première phrase : En matière de référence, on aurait pu faire mieux, à l'entrée de Waterloo, trônait un panneau portant l'inscription : « Vous entrez dans Waterloo, capitale européenne de la moule-frite ».

 

Motif de l'interruption : suicide de l'auteur.

 

 

 

♦♦♦

 

 

 

Le rallye. Cassandra de Montesquiroux (France)

 

Genre : Andromaque chez les rupins.

 

Synopsis : Maxence aime Typhaine mais n'ose pas se déclarer. Typhaine aime Hugues, qui lui, préfère Olympe. Cassandre est condamnée au silence puisqu'elle aime Oriane et que Oriane aime Maxence. La journée du 20 juin voit se dérouler un grand rallye pour mettre en présence les jeunes gens, suivi le soir même, du Bal de la première danse. Tout au long de la journée les tensions montent alors que pas un seul baiser n'est échangé ni même une main effleurée. Là où devraient se nouer les affinités des futures élites possédantes va se jouer un drame aux implications infinies : Cassandre, sachant pourtant ce qui va advenir, s'effondre aux pieds d'Oriane et lui avoue son amour. Oriane oublie sur le champ les codes de sa bonne société et la traite en hurlant de « sale gouine gauchiste perverse et dévoyée ». La musique cesse, un silence s'abat, plus lourd qu'au soir du 10 mai 1981.

 

Première phrase : Il fallait que la croix de diamants de son baptême fut bien visible au dessus de ses vêtements, le mieux serait de porter du noir.

 

Motif de l'interruption : autocensure.

 

 

 

♦♦♦

 

 

 

Pleurs sur la ville. Abigail Abeyroad (Nouvelle Zélande)

 

Genre : Jouons un peu à devenir parano.

 

Synopsis: La petite ville de Taumarunui est en proie à la terreur. Depuis trois semaines sévit un tueur en série qui massacre ses victimes, toutes féminines, à coups de hache. Devant l'inefficacité de la police, une centaine d'habitants va se constituer en milice d'action armée pour traquer le criminel. Celui-ci sera arrêté puis à son tour assassiné par la milice, qui ne fait pas plus confiance à la justice qu'à la police. Après le drame, la milice refuse de se dissoudre ; elle va faire régner l'ordre sur la ville et peu à peu la couper du reste du monde. Les pouvoirs officiels disparaissent, un ordre nouveau et implacable installe une forme de terreur par la menace. Personne n'échappe à ce nouvel ordre, les premières victimes sont les représentants de l'ancienne administration de l'état.

 

Première phrase : On a retrouvé le corps de Josépha éparpillé sur un périmètre de deux-cents mètres carrés, les sangliers l'avaient déjà piétiné.

 

Motif de l'interruption : L'auteur a soumis son projet à un agent littéraire qui lui a ri au nez. Sujet des années soixante, a-t-il laissé choir abruptement, irréaliste et sans fondement, verdict dont l'auteur en herbe ne s'est jamais remis.

 

 

 

 

porte cité interdite

 

 

 

 

 

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 15:29

 

ROMANS INACHEVES  (X)

 

 

La boucherie de la rue Longuette. Ginette Ventarine (France)

 

Genre : roman néo-rural

 

Synopsis : La boucherie de la rue Longuette, c'est le centre névralgique du village, là où circulent les nouvelles, et les ragots au sujet des nouveaux arrivants. Ceux-là viennent de la ville chercher du terrain moins cher, le village ne les intéresse pas, ils pourraient tout aussi bien être ailleurs, ou pire, au village juste à côté. Les anciens, le noyau dur, les « vrais », forment bloc, solidaires contre cette nouvelle race surgie d'on ne sait où, alors que quelques années en arrière les « vrais » pouvaient tranquillement se déchirer entre eux. Mais la pression sociale qui parvenait autrefois à imposer un mode de paraître n'existe plus, aujourd'hui personne ne se soucie de ce que pensent les autres. Le monde va mal, conclurait Ginette, les Arabes achètent même du cochon.

 

Première phrase : La Badinguène entra avec sa mine des grands jours, quelque chose d'important était arrivé, ça se voyait à sa tête, de haut en bas, elle était frémissante.

 

Motif de l'interruption : Dès que le bloc des anciens a su que Ginette écrivait un roman sur eux, ils ont menacé de boycotter la boucherie à vie. Ginette, n'ayant pas chevillée au corps l'impérieuse nécessité de l'écriture, décida de la sacrifier sur l'autel de la rentabilité viandière.


 

 

♦♦♦

 

 

 

Le zéro et le fini. Sebastian Rauter (Allemagne)

 

Genre: Autocritique type moscovite des grands jours.

 

Synopsis : Un artiste peintre de renom fait son autocritique. Toute sa vie il n'a peint que des losanges – jusqu'au fameux « Losange intemporel » qui lui valut une renommée internationale et une rétrospective de son œuvre au Moma de New-York, à l'âge de trente et un ans. Au moment où s'ouvre le roman, alors qu'il est parvenu à un âge où les années restantes se comptent sur les doigts d'une main, il veut avouer au monde la supercherie : il n'est pas peintre, il a fait ça par hasard, il est incapable de dessiner correctement un éléphant, un visage, il ne sait pas créer une atmosphère, il ne sait pas structurer un corps pour mieux le déstructurer ensuite, il ne sait peindre que des losanges, des losanges de toutes tailles et de toutes couleurs mais des losanges. Il veut aussi décortiquer dans son roman les rouages institutionnels et critiques qui ont rendu la supercherie possible.

 

Première phrase : Je suis un imposteur.

 

Motif de l'interruption : Alors que le roman en était aux deux tiers de son écriture, la fille de l'auteur, seule héritière, a détruit le manuscrit et toutes les sauvegardes informatiques du texte. Pour se venger, le papa a fait don de ses toiles (des losanges, donc) au musée du Centre Pompidou pour une moitié, et au Moma pour l'autre.


 

 

♦♦

 

 

 

En mode vodka-guacamol. Ievgueni Bielinski (Russie)

 

Genre : roman d'horreur à deux balles.

 

Synopsis : L'ennui pousse de jeunes bourgeois réunis autour d'une piscine à assassiner la domestique de la maison, une femme de quarante huit ans au service des parents de Ievgueni depuis plus de vingt ans. Les jeunes gens veulent réaliser le crime parfait, par exemple elle pourrait glisser et tomber dans la piscine, ils seraient alors tout autour pour l'empêcher de remonter. Mais certains s'opposent, sur le plan de l'esthétique du geste ce n'est pas joli joli. Ils décident donc de l'attacher à un arbre dans la forêt voisine et d'attendre. Tous pensent au moment où ils l'attachent, que quelque chose se produira, qu'elle ne mourra pas de faim et de désespoir contre son arbre. Mais dès le lendemain le corps est retrouvé sans vie dans la même position, entièrement lacéré, semble-t-il par les griffes d'un animal gigantesque.

 

Première phrase : Si nous n'avons qu'elle sous la main, nous la prendrons à elle, une expérience de ce genre ne peut pas se faire sans cobaye.

 

Motif de l'interruption : Grand amateur de films d'horreur, Ievgueni a vu un jour un film au scénario identique, Les dents de la forêt, et s'en est trouvé fort déconfit ; il a décidé à renoncer à toute forme de création « artistique ».

 

 

 

♦♦♦

 

 

 

Fifty-fifty – Titus Andthem (Etats-Unis)

 

Genre : Thriller-qu'il-faut-avoir-fait-Polytechnique-pour-le-comprendre

 

Synopsis : Un homme d'affaire (donc riche) est stupéfait en apprenant l'homosexualité de son fils. Il va tout faire, sans lui montrer son opposition, pour le « faire revenir dans la norme ». Il recrute quelques unes des plus belles femmes du pays pour essayer de séduire le fils ; celle qui y parviendra et se fera épouser recevra une récompense de dix millions de dollars. Le fils, brillant par une intelligence au dessus du commun, ne met pas longtemps à comprendre d'où vient cette pluie de belles femmes autour de lui. Après avoir fait avouer à l'une d'elles le montant de la récompense, il s'engage à l'épouser et à partager la somme. C'est là que les ennuis commencent. Car la jeune femme n'est pas là par hasard et son ambition est aussi de venger sa mère autrefois délaissée par l'homme d'affaire alors qu'elle (la mère) était enceinte d'elle (la jeune femme). A partir de là l'intrigue devient inextricable car le fils est donc le frère de la jeune femme qu'il veut épouser, ce que sachant, le père se débat dans des états d'âme sans fin avant de se résoudre à payer un tueur à gages pour éliminer la jeune femme (sa fille). L'affaire pourrait encore être suivie si des tas de personnages secondaires, dont le secrétaire particulier de l'homme d'affaire, qui a été l'amant du fils, ainsi que l'actuel petit ami du fils, qui ne l'entend pas de cette oreille et souhaite faire capoter le mariage, et aussi une des autres jeunes femmes engagées, qui est en fait une maîtresse du père, ne se mêlaient à l'histoire pour rendre le nœud impossible à défaire.

 

Première phrase : Adam, ça va mal chez moi, nous devons cesser de nous voir de quelque temps.

 

Motif de l'interruption : perdu dans sa propre histoire l'auteur a proposé un scénario de série télé en trente deux épisodes mais les télés l'ont refusé.

 

 

 

 

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 22:01

 

ROMANS INACHEVÉS (IX)

 

 

Purgandis. Bridget Overtroubledwater (Etats-Unis)

 

 

Genre : Règlement de comptes en haut lieu.

 

Synopsis : Après sa mort accidentelle, un homme est amené devant un consistoire présidé par Dieu. On attend du néo-défunt qu'il fasse un bilan de son existence terrestre, mais au lieu de cela l'homme se lance dans un réquisitoire sans complaisance que l'être suprême écoute sans broncher, un sourire narquois aux lèvres. Le monde va mal, les hommes sont nuls, toujours sur la frontière de la folie collective, ils ne retiennent rien des expériences du passé, ils tombent sans cesse dans les mêmes travers, etc. L'homme, tenant là, enfin, le responsable flagrant du chaos de la vie, ne se gêne pas pour déballer tout ce qu'il a sur le cœur : quelqu'un qui dispose d'un si grand pouvoir ne devrait pas laisser les choses aller ainsi sur Terre, c'est lamentable, mesquin, et pour tout dire, bien en dessous de ce qu'on attend d'un créateur.

 

Première phrase : Je ne le voyais pas comme ça mais il a l'air sympa.

 

Motif de l'interruption : Après avoir mis la réplique suivante dans la bouche de Dieu, le roman, fatalement, a abouti à une impasse : « Pas la peine d'en rajouter, petit, n'oublie pas que je t'ai fait à mon image ».

 

 

 

♦♦

 

 

 

Le hérisson n'a pas fini sa soupe de légumes.Aymeric Graluchot (France)

 

Genre : Mon cinéma à moi.

 

Synopsis : Un garçon d'une douzaine d'années, resté seul chez lui, en profite pour fouiller le bureau de son père. Il se rend compte à cette occasion qu'il (son père) n'est pas comme il le prétend gestionnaire de rayon dans un supermarché mais agent secret – comment expliquer dans le cas contraire ce carnet bourré de notes codées dans un charabia incompréhensible. Le garçon sent monter en lui une bouffée d'orgueil et de bonheur mêlés – avoir un père agent secret, ça n'arrive pas tous les jours. Dans les mois et les années suivants il va passer son temps à l'alimentation de ce rêve, le moindre geste de son père devenant pour lui un signe, le moindre de ses déplacements une mission urgente. Le garçon arrivera à l'adolescence décidé à marcher dans les pas de son père et à devenir à son tour un membre de « l'armée de l'ombre ».

 

Première phrase : Le hérisson n'a pas fini sa soupe de légumes car Marylin Monroe est venue prendre un bain dans sa cuisine.

 

Motif de l'interruption : Aymeric a seize ans lorsqu'un coup de téléphone le prévient que son père s'est blessé en tombant d'un escabeau dans son rayon de supermarché. Ce père soudain redevenu « normal » après quatre années d'aventures imaginaires met un terme à un manuscrit couvrant déjà deux cahiers.

 

 

♦♦♦

 

 

 

Les portes de la gloire.Sebastian Fulano (Espagne)

 

 

Genre : roman historico-dépressif.

 

Synopsis : Charles Quint a un frère jumeau, Albert, qu'il tient enfermé pour conserver le pouvoir. Celui-ci s'évade un jour et s'embarque sur un galion en partance pour les Amériques. Là-bas il fait fortune et revient en Europe se venger de son frère, prendre le pouvoir, et devenir chef des chevaliers de la Toison d'or. Il lève une armée de mercenaires et grâce à elle parvient jusqu'au palais de son frère. Alors que la dernière bataille s'engage Albert sent soudain peser sur ses épaules sa responsabilité dans une éventuelle chute des Habsbourg consécutive à cette guerre fratricide. Il bat en retraite et repart aux Amériques où il mourra pauvre après une longue maladie et dans le regret jamais éteint d'être passé à côté de l'Histoire.

 

Première phrase : L'aube déjà transperçait de ses aiguilles bleutées l'opacité du cachot, il allait être l'heure.

 

Motif de l'interruption : Chaque fois que Sebastian Fulano racontait la trame de son roman, les gens riaient en lui disant que Charles Quint n'avait pas eu de frère jumeau, il avait beau expliquer que c'était un roman et que dans un roman il avait le droit d'inventer des choses, les gens riaient et lui se vexait. Après avoir perdu la plupart de ses amis dans de terribles colères, il a décidé de renoncer au roman.

 

 

♦♦♦

 

 

 

Les trois filles du fond. Anita Blueberryhill (Grande-Bretagne)

 

Genre : Autoflagellation compassionnelle tournant mal sur la fin.

 

Synopsis : Les trois filles du fond sont toujours ensemble.

Elles rient et mangent ensemble, attirent sur elles la convoitise des garçons et des hommes.

Elles ne me regardent jamais, je suis pour elles transparente.

Elles sont belles je suis laide.

Elles sont brillantes, je suis conne.

Elles sont bien habillées, je ressemble à un sac (je m'habillerais en Chanel, je ressemblerais à un sac).

Elles ont de longues jambes lisses nues sous les jupes courtes.

Les trois filles du fond savent à quel moment dévoiler comme par accident des parcelles de leur peau bronzée, se pencher un peu trop en avant et laisser les regards des hommes plonger loin dans leurs décolletés.

Ensuite elles n'ont plus qu'à choisir lequel de ces connards pâmés la bave aux lèvres les accompagnera jusqu'au lendemain matin.

Moi, personne ne me choisit jamais.

Les trois filles du fond ont tout pour briller, mais moi, j'ai ce pouvoir-là sur elles : je vais les tuer.

 

Première phrase : Si je tenais l'abruti qui a dit que la beauté intérieure était préférable à l'autre je l'étranglerais sur place ; celui-là ne sait rien du calvaire d'une vie sans miroirs.

 

Motif de l'interruption : Un soir, c'est vers elle qu'un des « connards pâmés » s'est dirigé au lieu d'aller vers les filles du fond, dégonflant toute la haine nécessaire à l'écriture du roman.

 

 

 

  fontaine

 

 

 


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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 10:25

 

ROMANS INACHEVÉS (VIII)

 

 

  Le mémorial de papier. Kario Okénabo (Japon)

 

Genre : Auto-autofiction

 

Synopsis : Le narrateur se pense responsable de la mort d'une tortue qu'un de ses amis avait offerte à son fils. Peut-être ne l'a-t-il pas assez nourrie, ou trop nourrie, ou mal nourrie, peut-être l'a-t-il trop exposée au soleil, peut-être n'avait-elle pas assez de terre...

Cette mort va déclencher chez lui un processus de remise en question qui va le conduire jusqu'au suicide.

 

Première phrase : Jamais je n'avais vu sur le visage de Danno l'expression d'une joie aussi intense.

 

Motif de l'interruption : Dans cette vaine tentative d'auto-analyse l'auteur a fait le tour de lui-même en quelques pages.

 

 

 

**

 

 

 

Les orques marines ne chevauchent pas les kangourous sauvages dans la joie. Evelyne Pentacoly (France)

 

Genre : Cryptozoologie énigmatique

 

Synopsis : Deux couples de bourgeois bobos se croisent lors d'une conférence internationale sur l'écologie des zones lacustres du littoral atlantique. Pour le couple d'Anvers, c'est elle qui est invitée à la conférence, pour le couple de Paris, c'est lui. Entre les deux autres « non-invités » se noue aussitôt une relation intense et qu'ils pensent tous deux uniquement basée sur le plaisir physique. Mais les choses ne sont pas aussi simples. Les remords gagnent en même temps que les constats de vacuité et d'ennui. Préférant tous deux ne pas mettre un terme à leur union « officielle », tout va se passer, dès le troisième jour, comme si rien ne s'était passé.

 

Première phrase : Arcachon, ça n'était pas l'Australie mais au moins ça changeait des murs gris de Paris.

 

 

Motif de l'interruption : Rien ne survenant dans les cœurs froids des personnages, il est difficile de meubler un roman dont l'auteure avait pour ambition de départ qu'il dépassât les 900 pages.

 

 

**

 

 

Le Décaméron érotique de Jessica. Jessica Shutthewindow (Grande-Bretagne)

 

Genre: Duel sous la couette.

 

Synopsis : Cent nouvelles pseudo-érotiques et vraiment pornographiques écrites par un homme ayant pris un pseudonyme féminin pour faire croire que c'était une femme qui écrivait les histoires parce que soi disant les livres se vendent mieux quand c'est une femme qui écrit ce genre d'histoire.

 

Première phrase : Les pneus de la voiture crissèrent sur le gravier de la cour du château, c'était une longue limousine noire aux vitres obstruées ; le chauffeur descendit et alla ouvrir la porte arrière, une jambe au galbe parfait gaîné de soie noire apparut.

 

Motif de l'interruption : Imagination tarie avant la dixième nouvelle et sentiment de l'auteur de se répéter, se répéter ad libitum.

 

 

 

 

**

 

 

 

Ça va mieux que quand je serai mort mais à peine. Pierre Janglet (Canada)

 

Genre: Voyage autour de mon crâne.

 

Synopsis: Voyage autour de mon crâne.

 

Première phrase : Je préfère avertir de suite je mettrai rien en forme je m'en branle la forme m'intéresse pas je suis pas là pour faire de la broderie ni pour inventer des histoires à la con je préfère avertir je vais dire du mal de pleins de types nuls à chier qui remplissent leurs bouquins de merde de belles phrases juste pour se faire plaisir je préfère avertir je perds pas mon temps en conneries pour amuser les autres la seule chose qui m'intéresse c'est moi.

 

 

Motif de l'interruption : Sur les conseils de deux amis proches, l'auteur a abandonné l'écriture pour s'adonner à la boxe thaïlandaise.

 

 

 

 

 

 

 

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 16:32

 

 

ROMANS INACHEVĖS (VII)

 

 

Comment sortir d'une baignoire en feu ? Clyde Feelgood (Etats-Unis)

 

Genre : Métalangage obsessionnel.

 

Synopsis : Un jeune homme de vingt huit ans rénove lui-même son appartement. Au moment de poser la baignoire il se trouve confronté au prospectus de conseils pour l'installation et le raccordement (traduit du japonais). Outre les conseils techniques, le prospectus suggère de sortir de la baignoire si elle prend feu, de quitter la salle de bains et de prévenir les pompiers.

 

Première phrase : Les pieds de la vasque à bains sont réglables par simple visage ou dévisagement des bogues de support situées sous mais pas en dessous la capote d'ajustabilité des rotules d'orientation ; le tube cylindré de forme ronde cannelée surgissant de gauche est à prendre en garde de le positionner en adéquation du même canule surgissant face à face de votre installation portant la lettre H sinon catastrophe – si la votre installation n'arbore avec fierté la lettre H catastrophe aussi, on ne sait plus quoi faire.

 

Motif de l'interruption : Découragement de l'auteur : impossible de tenir la distance d'un roman en s'appuyant sur une simple erreur de traduction, la couleur « flammée » de la baignoire.

 

 

♦♦♦

 

 

La passion d'Antonia. Guillermo Santander (Espagne)

 

Genre : Métaphysique du vide

 

Synopsis : Antonia est une jeune fille qualifiée par tous de « normale », c'est à dire menant dans son lycée de Madrid le vie supposée normale que doivent mener les filles de son âge. Pendant un cours de philosophie elle est frappée par la pertinence du pari de Pascal, quant à l'existence de Dieu. Elle lit et relit le philosophe jusqu'à l'absorber totalement. Antonia subit alors une révélation qui va la pousser à entrer dans les ordres. Mais, ne trouvant pas là la qualité d'engagement nécessaire à sa ferveur, elle va ensuite les quitter pour se réfugier dans la solitude et le dénuement le plus extrêmes.

 

Première phrase : La robe rouge avait le pouvoir d'enflammer le regard des garçons, ce serait donc la robe rouge.

 

Motif de l'interruption : L'auteur a estimé qu'il était en train d'écrire un roman du 19e siècle, il a renoncé, dans un terrible accès de lucidité, à poursuivre une œuvre dépassée avant d'exister.

 

 

♦♦♦

 

 

Le prix du bonheur. Kathleen Aroundtheclock (Etats-Unis)

 

Genre : sanglots sur toile cirée.

 

Synopsis : Une très belle jeune femme aurait tout pour réussir dans la vie, malheureusement elle est pauvre et atteinte d'une maladie rare. Au cours d'une consultation à l'hôpital, le charmant chirurgien qui l'ausculte ne tombe pas amoureux d'elle car il est déjà marié à une charmante jeune femme qui, elle, est riche et n'est pas malade. Il ne se passera donc rien entre eux sauf si la charmante femme du riche chirurgien est blessée dans un accident de voiture, se trouve paralysée à vie, et que la charmante jeune femme pauvre accepte de se sacrifier pour s'occuper d'elle (et accessoirement de son mari) jusqu'à la fin de ses jours.

 

Première phrase : Comme la matinée est belle, aujourd'hui, les nuages sont d'une blancheur éclatante, ils semblent si doux qu'ils vous donnent l'envie de les attraper à pleines brassées.

 

Motif de l'interruption : L'élan de pseudo-romantisme de l'histoire est stoppé net par un courrier annonçant à l'auteure que son mari a enclenché une procédure de divorce.

 

 

 

♦♦♦

 

 

La mécanique des mouches. Jeniceck Janecek (République Tchèque)

 

Genre : Malaise dans la civilisation.

 

Synopsis: Dans un futur proche, le monde est régenté par la psychanalyse. Nul ne peut obtenir un poste ni s'engager dans une relation amoureuse sans avoir au préalable suivi une analyse d'au moins cinq ans. Les psychanalystes prennent le pouvoir, ils deviennent les nouveaux oracles d'une société sur le déclin ; leur regard aux facettes multiples donnent aux humains le sentiment d'un monde sous surveillance – une surveillance intime, au plus proche des pensées profondes des individus, bien plus efficace que celle des caméras vidéos.

 

Première phrase : D'un geste rageur, Beatka déchira la photo qu'elle tournait et retournait dans ses mains depuis le début de notre conversation.

 

Motif de l'interruption: Vers le milieu du roman, l''auteur, psychanalyste lui-même a eu soudain le sentiment de mettre à bas son propre système de pensée et le fondement intellectuel de son existence ; il a jeté le manuscrit sans aucun regret.

 

 

 

tuyaux rouges

 

 

 


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10 septembre 2011 6 10 /09 /septembre /2011 16:45

 

 

ROMANS INACHEVÉS (VI)

 

 

L'allemande sur la route. Juan-Carlos Alquiler (Chili)

 

Genre : Amertume sur le bitume.

 

Synopsis : Un garagiste de Pueblo Hundido, parti en dépannage, prend en stop une jeune allemande. Le jeune homme tombe aussitôt amoureux de la blonde beauté nordique. Il va tout quitter pour elle sans se rendre compte qu'il est manipulé et que la jeune allemande n'éprouve pour lui que du mépris, son seul objectif étant de se faire véhiculer gratuitement à travers le pays.

 

Première phrase : C'était pourtant un coup de fil ordinaire, un type en panne à quinze kilomètres – la routine, toutes les bagnoles du coin sont pourries.

 

Motif de l'interruption : L'auteur a soudain pris conscience de l'instabilité de la condition d'écrivain par rapport à celle de garagiste.

 

 

 

Un petit pois dans un ascenseur. Raymond Pagnol (France)

 

Genre : autobiographie complaisante de l'arrière-petit neveu du grand Marcel.

 

Synopsis : les souvenirs d'enfance de l'auteur, à l'école communale, dans les années cinquante, mêlés à une réflexion sur le temps qui passe et sur notre misérable condition de mortel.

 

Première phrase : Qu'est-ce qui est rond et vert, qui monte et qui descend ?

 

Motif de l'interruption : Raymond Pagnol voyait déjà chaque nuit avant de s'endormir les gros titres de La Provence : « Sur les traces de son grand-oncle » ou « Pagnol plus vivant que jamais » ou encore « Le génie héréditaire ». Hélas, son livre à peine commencé, les journalistes contactés restèrent à son égard d'une indifférence absolue, l'un d'entre eux exigeant même de lui qu'il « cesse son harcèlement téléphonique » affirmant que « son projet de barge n'intéressait personne ».

 


La fiancée des magazines. Kamila Chodkowski (Pologne)

 

Genre : roman pour jeunes femmes à la mode.

 

Synopsis : Après avoir chassé partout ses représentations de papier, un homme se met en tête de séduire et d'épouser le mannequin le plus en vue (et le plus riche) du moment.

 

Première phrase : Et allez, des sous-vêtements cette fois, partout son corps exposé, sur tous les abribus de la ville – quand nous serons ensemble je ne le tolérerai plus.

 

Motif de l'interruption : L'auteure est elle-même devenue mannequin.

 

 

 

Une mémoire italienne. Sandro Veneziano (italie)

 

Genre : Uchronie

 

Synopsis : Au sein de la bourgeoisie italienne des années vingt, les plus grands parmi les plus grands, triés sur le volet, sont réunis en conclave secret sur les bords du lac majeur dans une demeure isolée en surplomb au dessus du lac. Mais pourfendre le « minuscule agitateur » comme ils appellent Mussolini, ne leur suffit plus, certains sont prêts à passer à l'action, quitte à pactiser pour cela avec l'ennemi héréditaire de gauche. Les joutes oratoires et les affrontements foisonnent, les plus nombreux préférant appuyer le fascisme plutôt que d'ouvrir les vannes au stalinisme alors triomphant. Le conclave décide toutefois à une courte majorité de faire assassiner le Duce. La réussite de l'entreprise, le 12 novembre 1932 va déclencher une vague de persécutions féroces comme jamais le pays n'en avait connu, y compris au sein de la grande bourgeoisie, et plonger le pays dans le chaos.

 

Première phrase : Il y avait là dans la cour du Castello, plus de Bugatti que Rome tout entière devait en compter.

 

Motif de l'interruption : L'auteur ayant entrepris son œuvre pour dénoncer les dérives du fascisme en arrivait au bout du compte à justifier malgré lui la politique mussolinienne. Destruction du manuscrit.

 

 

 

 

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 10:32

 

ROMANS INACHEVÉS (V)

 

Le cercle des nuages. Nina Carlotti (Italie)

 

Genre : Littérature sentimentale

Synopsis : Une jeune femme d'une trentaine d'années prétexte un séminaire au Québec pour partir quinze jours avec son amant. Son mari, qui nourrissait déjà quelques doutes, n'est pas dupe. Il a lui-même une liaison avec la vendeuse de la papèterie jouxtant son bureau mais l'infidélité de sa femme lui est impossible à supporter. Il va prendre quinze jours de congés pour suivre le couple illégitime dans son périple canadien et profiter d'une de leurs ballades vers les Grands lacs pour saboter leur voiture. L'accident sera terrible, il tuera sa femme sur le coup et laissera l'amant paralysé à vie. Rongé par le remords le mari, dans une forme de suicide, partira à pied en tenue d'été vers le grand nord canadien. Personne ne le reverra jamais.

Première phrase : Clio comprendra.

Motif de l'interruption : Alors qu'elle en était environ à la moitié de son roman, l'auteure a pensé qu'un éditeur n'accepterait jamais un livre qui finit aussi mal dans une collection où, en principe, la caissière de la supérette finit toujours par épouser le golden boy.

 

 

L'enclave. Simba Gweru (Zimbabwe)

 

Genre: Epopée politique.

Synopsis: Au début des années 2000, un jeune journaliste indépendant décide de fonder un hebdomadaire d'informations générales à Harare. Il va devoir lutter contre toute sorte de pressions, de tentatives de corruption et de menaces mais son journal va finir par voir le jour. A partir de là l'hebdomadaire devient peu à peu le symbole de ce que le pays compte de plus vivant et dynamique, il va focaliser les énergies et, finalement, à coup d'articles de fond et de réflexions politiques, il va conduire le pays vers la transition démocratique. Le journaliste se retrouve alors porté à la tête du pays sans aucune expérience de l'exercice du pouvoir.

Première phrase: Je ne voulais pas me l'avouer mais je savais que je jouais jusqu'à ma vie ; Chimeza m'avait prévenu, ils ne reculeraient devant rien, et moi comme unidiot, j'y étais allé quand même – et comment faire maintenant, pour écrire avec ce bras cassé, il m'avançait à quoi, ce bras cassé ?

Motif de l'interruption : Assassinat de l'auteur.

 

 

 

Copains d'autrefois. Stanley Standbyme (Grande-Bretagne)

 

Genre: Roman policier

Synopsis: Sur un site Internet destiné à faire se retrouver d'anciens camarades de classe, un individu nommé par l'auteur « l'iguane » repère une bande qui, une vingtaine d'années auparavant, lui a fait subir des sévices pendant ses trois années d'internat. Le terme de « sévices » est toutefois en dessous de la réalité puisque, outre toute sorte de tortures physiques – passages à tabac, réveils en pleine nuit, douches froides en hiver, obligations à rester debout dans la cour toute une nuit, obligations de boire dans la cuvette des WC, tentatives d'étouffement le laissant au bord de l'agonie etc. – outre ces tortures-là, les brimades psychologiques infligées avaient pour but de le rabaisser sans cesse et de lui laisser croire qu'il n'était rien, né par accident, erreur de la nature, terriblement en dessous de la moyenne tant au physique qu'à l'intellect. Et de fait, à force de l'entendre dans la bouche des autres, sa vie a fini par ressembler à ce que ses « camarades » en avaient fait, c'est à dire rien. Après avoir raté son Bac, à sa sortie de l'internat, il n'a plus été capable, ni pour le travail, ni quant à ses rapports avec les femmes, d'avoir avec ses contemporains des relations normales, voire, tout simplement, des relations. Et là, par le plus grand des hasards, en deux clics de souris il retrouvait les quinze types responsables de l'échec de sa vie... Dans sa tête cela n'a pris que quelques secondes, il a décidé sur le champ d'entrer en communication avec eux en se faisant passer pour un autre, et d'organiser une grande fête de retrouvailles. Son plan consistait à enfermer la bande en question dans une salle et à les exécuter au fusil mitrailleur, ou au gaz sarin. Il a finalement renoncé devant la présence prévue des épouses et des enfants à cette fête. Ses quinze petits camarades, il les exécuterait un par un, méthodiquement, en leur coupant les couilles et en les laissant mourir dans leur sang. En commençant bien sûr par les pires – peut-être avec le temps trouverait-il quelques circonstances atténuantes aux autres.

Première phrase : Il y a donc des imbéciles qui ont envie de revoir les tronches ravagées par l'alcool et les gros bides de leurs copains de bahut.

Motif de l'interruption : Après avoir élaboré le scénario et le plan de son livre, l'auteur était pris de vomissements dès qu'il s'asseyait à sa table de travail.

 

 

 

 

Ressources inhumaines. Jean-Jacques Calderin (France)

 

Genre: Littérature réaliste

Synopsis: L'aventure d'un cadre moyen de quarante huit ans en recherche d'emploi, balloté de rendez-vous en rendez-vous, de lettre de refus en convocations bidons, et qui peu à peu perd sa foi dans le libéralisme.

Première phrase : Celui-là est pour moi, je le sens, je ne l'ai jamais autant senti que cette fois.

Motif de l'interruption : Excédé par les sarcasmes d'un jeune directeur des ressources humaines sur sa soi-disant perte-d'énergie-à-son-âge, l'auteur a bondi par dessus le bureau du directeur, l'a saisi par la cravate et l'a violemment frappé à coups de tête. A la suite de cette altercation le jeune DRH a écopé de trois semaines d'arrêt de travail et de 4800 euros de frais dentaires, le tout, bien entendu à la charge de l'auteur qui n'avait pas de quoi payer. De toute façon,en comparution immédiate l'auteur avait été lesté de huit mois de prison dont trois mois fermes.

A dire vrai l'auteur n'avait écrit que les trente premières lignes de son livre.

 

 

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 11:24

 

 

ROMANS INACHEVÉS (IV)

 

La bibliothèque des êtres perdus.Sergueï Kolachencko (Ukraine)

 

Genre : Fantastique

Synopsis : Il existe un lieu quelque part dans les limbes, où sont conservées les histoires des êtres qui n'ont pas eu d'existence – soit parce qu'ils sont morts très jeunes, soit parce qu'ils se sont arrêtés et ont renoncé au bord de la naissance. Les liasses sont plus ou moins importantes en fonction de la vie qu'aurait pu avoir la personne. On y retrouve (bien entendu) la même proportion de monstres et de génies que dans l'existence terrestre, mais il y a ici en, en plus, les traces de ceux qui ont renoncé à la vie avant de la vivre, c'est à dire tous ceux qui ont fait preuve d'effacement en laissant s'étouffer leur ego plutôt que de lui ouvrir les stalles.

Première phrase: Mon frère jumeau est mort à l'instant de ma naissance – s'est sacrifié, même, pour me laisser le champ libre.

Motif de l'interruption: L'auteur a été sujet à des maux de têtes de plus en plus violents au fur et à mesure de la rédaction du livre – jusqu'au coma.

 

 

Courir partout.Christian Le Daguer (France)

 

Genre : Littérature française contemporaine (France)

Synopsis: Un homme (ici nommé je) fait un voyage à Saint-Pétersbourg.

Première phrase: Je ne sais pas, au fond, ce qui m'a poussé à entreprendre ce voyage à Saint-Pétersbourg.

Motif de l'interruption : L'auteur n'est pas parvenu à répondre à son questionnement de la première phrase.

 

 

Aurore de glace.Yktri Vapaarinen (Finlande)

 

Genre: roman policier.

Synopsis: Un promeneur découvre sur les bords d'un lac gelé un visage de femme pris dans la glace. Les plongeurs de la police vont découvrir là sous la glace une dizaine de corps féminins, tous jeunes, tous en parfait état. Dans le même temps un commissaire de police de Stockholm reçoit des courriers cyniques auxquels il ne comprend rien au début (Comment conserver la viande congelée, La faune des lacs Scandinaves, etc.) mais qui peu à peu vont se rattacher à l'affaire des cadavres pris dans la glace.

Première phrase: C'est le moment de l'année où le lac est le plus beau, au printemps, juste avant la fonte.

Motif de l'interruption: Forte démotivation de l'auteur après qu'un sérial killer similaire au sien (mais hélas réel) eut été arrêté et eut avoué avoir dissimulé des cadavres sous la glace.

 

 

 

Nicolas Ronchin à l'école de la sorcellerie. Nicolas Chiron (Suisse)

 

Genre: Fantastique pour enfants et adolescents

Synopsis: Un jeune garçon d'une dizaine d'années reçoit chez son tuteur (un vieil oncle bougon), un courrier selon lequel il la été automatiquement inscrit à l'école (secrète) des sorciers de Thoune, car il est un descendant de sorciers. S'en suit une série d'aventures que le jeune garçon va vivre en compagnie de deux amis inscrits pour la même scolarité. Mais tout n'est pas rose, le danger plane autour du jeune Ronchin, les sous-sols de l'école abritent des créatures étranges, et le mystère de sa naissance reste entier. Il sait d'instinct qu'il va devoir se battre pour survivre – du moins tant que la cicatrice qu'il porte sur la narine gauche lui laissera du répit.

Première phrase: Le hibou fracassa une vitre avant de voleter autour de Nicolas et de lâcher la pierre entourée d'une feuille de papier qu'il tenait enserrée dans ses griffes.

Motif de l'interruption: En 1975, Nicolas Chiron n'était lui-même qu'un enfant lorsqu'il commença à écrire cette histoire, il épuisa le sujet après les trente premières pages – qu'il donna toutefois à lire, comme un genre d'exercice, à sa correspondante Britannique, justement présente chez lui lors des vacances de Pâques de la même année.

 


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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 21:55

 

ROMANS INACHEVÉS (III)

 

 

 

Chair. Jonathan Givmemore (Grande Bretagne)

 

Genre : roman érotique.

Synopsis : rédigé sous forme de journal, ce roman retrace au quotidien et sous un regard exclusivement masculin, la relation entre un homme et sa compagne : poussé par le fait qu’elle accepte tout de lui, l’homme va de plus en plus loin dans la recherche d’une sexualité originale. Il est partagé entre le plaisir que lui donne sa compagne, et qui fonctionne sur lui comme un phénomène d’addiction, et le léger dégoût d’elle qu’il ne peut s’empêcher de voir naître et croître jusqu’au mépris. Car derrière le plaisir, la question lui devient obsessionnelle : est-ce par soumission, par amour, ou par goût qu’elle le laisse ainsi user de son corps comme il veut ?

Première phrase : Rien, rouge sang, rien que cela, le rouge sang des draps, et dessus, la blancheur des cuisses ouvertes, offertes ; la femme, rien qu’elle son corps en attente.

Motif de l’interruption : aboutissement de la relation à la violence.

 

 

Liste noire. Maxime De Mom (Belgique)

 

Genre : thriller / espionnage / politique fiction.

Synopsis : Pour se venger d’une ancienne maîtresse aujourd’hui femme politique en vue, un ex agent du KGB installé à Londres envoie aux autorités, ainsi qu’aux principaux organes de presse du pays, la liste de tous les citoyens britanniques qui, un jour ou l’autre, de près ou de loin, ont eu au moins une fois dans leur vie un lien avec l’Union soviétique. L’affaire va déclencher une vague de panique dans le pays, à tel point qu’un parti d’extrême droite va se trouver en position de renverser le gouvernement et de prendre le pouvoir. Mais parallèlement, une journaliste tenace enquête pour démontrer que la liste noire n’est qu’une affabulation de mythomane. La journaliste va-t-elle réussir à sauver le monde libre d’Outre-Manche du chaos ?

Première phrase : Ils ont encore plus froid, durant l’hiver, les espions qui veillent sous les fenêtres de l’espionné Durand, froid de sa mort de la veille.

Motif de l’interruption : un courrier laconique reçu par Maxime de Mom portant la seule phrase « Merci d’abandonner des idées si farfelues » ; lequel courrier était accompagné d’un million de livres sterling en petites coupures usagées.

 

 

Papa. Stéphanie Beaurepaire (France)

 

Genre : autofiction

Synopsis : Une post-adolescente de trente huit ans analyse les rapports d’attraction-répulsion qu’elle entretient avec son père.

Première phrase : Papa, papa, papa, l’homme sans nom, l’unique inscrit au creux de ma chair parce que seul à m’avoir connu dans ma chair.

Motif de l’interruption : overdose de Valium, lavage d’estomac, clinique de repos.

 

 

Le saigneur des agneaux. Gérard Cesplède (France)

 

Genre : roman policier

Synopsis : Le monde est la création du malin, le visible n’est qu’un leurre destiné à fourvoyer les agneaux de Dieu sur la voie du pêché. L’homme doit trembler car il est déjà trop tard, il a succombé aux sirènes du futile, il s’est éloigné de sa pureté originelle ; l’homme n’est plus à l’image de son créateur, il s’est perverti et rien ne pourra maintenant le sauver : il faut le détruire. Armé de ces valeurs comme d’une rhétorique implacable, un psychopathe cathare entreprend d’assassiner les individus selon lui responsables de cette situation et donc redevables devant Dieu : les hommes politiques.

Première phrase : Le petit hameau de La Bessède (Tarn, France, 148 habitants) se trouva en grand émoi lorsqu’on y apprit, ce matin du 4 février 2005, que Michel Duponlieu (51 ans, éleveur et conseiller municipal) avait été assassiné d’un coup de piolet dans le cœur.

Motif de l’interruption : Gérard Cesplède n’était autre que le beau-frère de Michel Duponlieu. Si ce dernier disparaissait, la femme de Cesplède hériterait de l’intégralité du domaine paternel. En enquêtant sur la mort réelle de Duponlieu, la police a trouvé chez Cesplède le premier chapitre de son roman.

 

 

 

 

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