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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 23:47


LUDOVIC GRANDLUDEAU, PARI AVEC LUI-MÊME DU 9 JUILLET 2006.

C'est une longue ligne droite avec, au bout, un feu rouge. C'est là que Ludovic habite, une centaine de mètres après le feu sur la droite, une minuscule maison des années quarante, sans jardin ni grenier.
Une longue ligne droite en descente avec, de chaque côté de l'avenue, un trottoir si étroit qu'il permet à peine aux piétons de se croiser.
Habituellement Ludovic est un conducteur prudent. Pas excessivement prudent mais prudent.
Habituellement il n'est pas superstitieux ou peu, à peine un coup d'œil sur l'horoscope de temps en temps.
Mais ce 9 juillet 2006 n'est pas un jour habituel, c'est le jour de la finale de la coupe du monde de football qui oppose l'Italie à la France et Ludovic se trouve depuis le matin dans un état de transe quasi permanent.
Ludovic, on l'aura compris est à la fois un passionné de football et un nationaliste chevronné.
Mais Ludovic est aussi représentant en matériel médical et paramédical et il s'est trouvé toute la journée en déplacement à l'autre bout de la région, un déplacement qui lui coûte de rater une bonne partie de la première mi-temps.
Sur l'autoroute Ludovic n'est pas inquiet. La France ne peut pas perdre. Avec Zidane la France ne peut pas perdre. C'est le meilleur joueur du monde. La radio tempère quelque peu cet optimisme béat, le match n'est pas si facile que ça pour les français. Un partout à un quart d'heure de la mi-temps.
Ce n'est plus du sport, c'est une lutte pour la victoire finale ; c'est la guerre.
Faudrait pas qu'ils insistent trop, les guerres, d'habitude, ils les perdent, les Ritals.
A dix minutes de la pause, Ludo arrive en haut de la ligne droite.
Sa haine contre les italiens ne connaît plus de limites.
Ils ne veulent pas se laisser faire.
Alors que perdre face à la France n'a rien de déshonorant, au contraire.
Trois-un serait parfait.
En bas, au fond, le feu est rouge.
Ils vont voir ce qu'ils vont voir.
Ludovic lance sa voiture, l'idée le traverse comme un éclair, une certitude soudaine, il ne va pas ralentir, il va continuer à accélérer, et si le feu passe au vert avant qu'il arrive, la France gagnera le match.
De toute façon il n'y a personne dans les rues, tout le monde regarde la finale.
Et depuis le temps qu'il est rouge, ce feu.
Au milieu de la ligne droite Ludovic est à quatre-vingt dix.
Le feu est toujours rouge. Qu'est-ce que c'est que ce feu, ils l'ont fait exprès ou quoi ? Non mais regarde-moi ça, il est détraqué, c'est pas possible.
Il faut dire qu'à cette vitesse la descente de l'avenue ne lui prend pas plus de quelques secondes.
Il arrive sur le feu à cent-vingt.
Mais le feu refuse de passer au vert et il est trop tard pour s'arrêter.
Ludovic percute de plein fouet la voiture qui surgit soudain sur sa droite et l'envoie faire deux tonneaux au milieu du carrefour. La voiture retombe ensuite lourdement sur le toit et s'écrase sur elle-même, réduisant à néant l'espoir de retrouver une trace de vie à l'intérieur.
Avant de s'évanouir, les jambes broyées, la cage thoracique enfoncée, Ludovic a le temps de déclarer dans un souffle au pompier en train de découper sa ceinture de sécurité : « Putains de ritals ».

 

 

 

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 11:05

 

JEAN-FRANÇOIS TRIMARD : INVENTAIRE RAISONNÉ MAIS NON EXHAUSTIF DES MOTIFS POUR LESQUELS IL DÉTESTE SA FEMME, SANDRINE TRIMARD, NÉE SCHTRAUBEN, FIN XXe-DEBUT XXIe SIÈCLES, AUBERVILLIERS, FRANCE.  

 


- Au risque de laisser les rouges s'emparer du pouvoir et ravager le pays, voire le vendre à une puissance étrangère, au risque, même, de laisser les Chinois devenir les maîtres de la France, Sandrine Schtrauben, la boche comme l'appelle Jean-François, Sandrine Schtrauben ne vote pas.

 

- Elle ne sait pas plier les T-shirts. Depuis leur mariage, vingt quatre ans en arrière, elle les plie en deux dans le sens de la longueur, ce que faisant, elle imprime une marque qui vous partage en deux de façon ridicule, pense Jean-François, de façon complètement ridicule, de haut en bas, une ligne qui passe juste par le nombril, mais il a beau faire et dire, Sandrine n'a jamais souhaité apprendre à plier correctement un T-shirt, alors que tout de même, ça n'est pas si compliqué.

 

- A quarante à l'heure, elle est en cinquième.

Tandis que lui, sachant ce qu'il s'apprête à subir a cédé la place derrière le volant au prix d'un effort surhumain, tandis que lui, sur le siège passager, bout d'impatience, piaffe, peste, jure et tempête – intérieurement bien sûr –, parce que Sandrine a déjà bousillé huit moteurs de bagnole et celui-ci en prend bien le chemin, tout de même une bagnole à vingt-huit mille euros, mais il ne peut pas éternellement lui refuser de la conduire, ça paraîtrait louche et Jean-François Trimard ne veut pas donner de lui une image trop autoritaire.

 

- Elle se refuse à lui de plus en plus souvent, sans prendre la peine d'inventer des prétextes stupides, d'ailleurs

 

- lui-même n'a plus envie d'elle, ce qui est tout de même une marque de désamour. Sa libido a mortellement chuté depuis qu'elle continue à passer ses week-end dans sa vieille robe de chambre délavée alors qu'il lui en a offert une en satin mauve qu'elle ne met jamais.

 

- Elle ne comprend pas – n'a jamais compris – son humour, un humour pourtant basique, il le reconnaît volontiers, un humour de fin de banquet arrosé qui ne la fait jamais rire.

 

- Lorsque, repassant du linge, non content de plier les T-shirt dans le mauvais sens, elle peut aussi laisser le fer branché plus d'une heure tandis qu'elle téléphone à sa meilleure amie. Enfin, disons plutôt sa soi-disant meilleure amie, qui passe la plus grande partie de son temps à lui pourrir la vie parce qu'elle est soi-disant mariée à un grumeau, c'est son propre mot, il l'a lui-même entendu alors que Sandrine avait mis le haut parleur du téléphone pensant qu'il n'était pas là : « Ton mec ma pauvre, tu veux que je te dise, il est comme un grumeau de farine dans une pâte à crêpes, mais un énorme grumeau, tu devrais vite te barrer »

Comme si elle ne pouvait pas repasser ET téléphoner en même temps, c'est tout de même pas le bout du monde.

 

- Elle ne fait le ménage – c'est à dire pour elle, selon la conception qu'elle a de l'expression « faire le ménage », passer une serpillière vaguement humide sur le sol sans même aspirer auparavant –, que lorsque les semelles des pantoufles font crouic crouic à chaque pas.

 

- Dans chacune de ses phrases il y a au moins une fois la locution « c'est entendu », c'est à dire qu'il entend « c'est entendu » une centaine de fois par jour, c'est à dire encore que depuis vingt quatre ans qu'il connaît sa femme, quatre cent trente huit mille fois, c'est à dire quatre cent trente huit mille fois « c'est entendu » de trop.

 

- Elle cherche régulièrement à le ridiculiser auprès de sa famille et de ses amis par des tentatives de suicide ratées – alors qu'elle n'a, objectivement, aucune raison valable de se suicider. La dernière fois, il y a un mois, elle a mis du sang dans toute la salle de bains. Les pompiers ont dit que s'il n'avait pas appelé, elle serait morte dans le quart d'heure. Jean-François commence à en avoir marre, il ne sait pas ce qu'il fera la prochaine fois.

 

 

 

 

 

 

 

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 20:58

 

VIE DE GIUSEPPE DALLACONTA (ALEZIO, ITALIE)





I - LA GENÈSE

 

 

Giuseppe Dallaconta avait pourtant un père énergique et brillant qui eut l'idée, pour sortir sa famille de la misère, d'investir un petit héritage dans l'achat d'une ambulance – un magnifique Fiat 614 tout en bois –, et par voie de conséquence, de faire métier d'ambulancier.

Au début des années trente, dans les Pouilles, il n'était pas facile de trouver une ambulance, et devant ce manque criant, le père n'avait pas eu besoin d'une étude de marché – seulement du constat que nombre de gens mourraient ou se retrouvaient estropiés faute d'avoir été secourus à temps. On ne peut pas dire que cela lui permit de s'enrichir mais au moins n'eut-il pas à émigrer comme beaucoup de sa génération. Les Dallaconta arrivaient à vivre à peu près décemment grâce à ce véhicule – par ailleurs, personne dans la famille, jusqu'à ce 30 septembre 1931, n'avait relevé le côté particulièrement stupide de Giuseppe, premier né d'une fratrie de sept enfants

 

Le 30 septembre 1931 M. Dallaconta père fut appelé sur les lieux d'un accident de la route, entre Casarano et Racale, dans lequel accident se trouvait impliqué le podestà de Calabre lui-même, personnage éminemment influent dans le sud du pays puisque faisant et défaisant selon son bon vouloir les destins de ses contemporains.

Mais l'ambulance requise n'arriva jamais – ne put même pas démarrer, car le petit Giuseppe avait voulu s'assurer que la rumeur qui courrait et qui prétendait que le sucre empêchait les moteurs de fonctionner était une ânerie. Si le sucre était bon pour le corps, il l'était pour les moteurs, ce qui est bon pour un être humain l'est, a fortiori, pour une mécanique. Ainsi fonctionnait le cerveau du petit Giuseppe – et le podestà mourut dans les bras d'un carabiniere, sur le bord de la route. Peut-être le podestà serait-il mort malgré l'arrivée de l'ambulance, cela, on ne le saura jamais, mais il mourut sans l'ambulance et cette mort fut mise sur le compte de l'incompétence de l'ambulancier.

 

Le père ne se releva jamais de l'affront ; il aurait pu, à la rigueur faire réparer le moteur mais il était certain, devant la colère des autorités, qu'il ne pourrait plus travailler normalement. Une voiture en panne est une voiture en panne mais hélas le fils Dallaconta n'était pas le seul idiot de la région et il fallu à cet incident trouver un responsable, ce fut le père de Giuseppe qui paya pour l'imbécillité de son fils. En conséquence, il préféra jeter l'éponge en traitant Mussolini de « pantin stupide à la solde du capitalisme » au cours d'une réunion publique. Le lendemain il était enlevé et on ne le revit plus dans la région – il fut déporté et mourut fin 43 dans un camp allemand où il avait été envoyé sous l'étiquette de communiste.

Ces événements ne mirent pas pour autant un terme aux frasques idiotes du petit Giuseppe.

 

 

 

 

II - L'ÉCLOSION

 

Heureusement pour lui, la stupidité du jeune Giuseppe l'empêcha de culpabiliser – il ne fut pas en mesure dans un premier temps, d'établir un lien entre son acte (le sucre dans l'ambulance) et la mort de son père. Il poursuivit donc sa vie comme si de rien n'était, conforté en cela par un environnement qui lui-même ne brillait pas par son ouverture. A la disparition de son père, ce dernier chuta même encore plus bas dans l'estime du fils. Il était le seul, le jeune Giuseppe, – le seul – dans un rayon de plusieurs kilomètres, voire de plusieurs centaines de kilomètres, le seul peut-être dans toute l'Italie à avoir été doté d'un père antifasciste. La honte absolue. Car disparaître comme ça à la suite d'une réunion publique ne pouvait signifier qu'une chose : le père était allé trop loin dans sa critique du Duce. Et lui, Giuseppe, à quatorze ans, n'avait plus désormais à choisir entre les deux pères que le sort lui avait fait échoir ; n'avait plus de motif de déchirement entre ce père honni mais génétique, celui qu'il était bien obligé de qualifier de « vrai » et l'autre, celui qui occupait toute la place dans son cœur, mais hélas putatif, le chef suprême père de toute la nation, Benito Mussolini lui-même.

 

Dès lors, comme s'il voulait racheter les erreurs de son père génétique, Giovanni se jeta corps et âme dans son amour de la patrie et dans l'étude de l'empire romain. Il déploya un tel zèle, une telle ferveur dans son engagement qu'il fut baptisé par ses camarades des balillas, les jeunesses fascistes, Piccolo Duce, le petit Duce, ce qui ne pouvait lui faire plus plaisir. Et Giuseppe se mit alors à passer des heures devant son miroir pour se donner cet air volontariste, mâchoire inférieure en avant et œil vif, que l'on voyait sur le visage du Duce (le vrai) aux actualités cinématographiques. La grandeur du fascisme passait par la mâchoire du Duce – le Christ lui-même faisait piètre figure à côté, d'ailleurs l'avenir n'aurait plus besoin d'aucune religion, ce n'était pas de la propagande, c'était du simple bon sens. A ce rythme-là, bien entendu, le jeune Giovanni grimpa rapidement les échelons de la hiérarchie de sa balilla jusqu'à en devenir un capo, l'un de ses chefs les plus remarqués.

 

La route, ensuite, lui était toute tracée : il n'avait pu combattre pour la conquête de l'Éthiopie, trop jeune d'un cheveu, il partirait défendre la nation et une certaine idée de la liberté contre les rouges espagnols, ces êtres diaboliques qui conspiraient à la destruction de l'homme nouveau.

 

Il partit vers la gloire, auréolé du grade de sergent, construire le monde à son idée.

 

Nous passerons ici sur quelques frasques secondaires, certes imputables à sa condition d'idiot mais sans conséquences sur l'avenir du monde, contrairement à ce qui survint ce froid début de printemps 1937, au cœur de l'Espagne en guerre.

 

Les troupes italiennes engagées à Guadalajara du côté des franquistes étaient bien supérieures en hommes et en armement à celles des Républicains, pourtant, après quelques jours de bataille, le 18 mars, les Républicains furent en mesure d'encercler totalement les franquistes à Brihuega.

L'ordre leur fut donné de se replier pour éviter des pertes trop lourdes. Dans la panique générale qui s'ensuivit le sergente Dallaconta eut connaissance du fait qu'ils étaient en train de combattre contre des italiens. Lorsque la chose lui fut officiellement confirmée, et lorsque, apprenant de surcroît que les types d'en face étaient commandés par un Italien, Giuseppe s'assit à même le sol, sonné, comme s'il avait reçu en pleine poitrine le souffle de l'explosion d'un obus. Il y avait donc assez d'italiens antifascistes sur terre pour en faire des unités, des bataillons, des compagnies, des armées ; une armée, ici, commandée par un des leurs, un italien, un type suffisamment brillant pour arriver à ce poste.

Un italien commandant une armée en train de se battre contre les troupes fascistes.

 

Ce type-là ne devait pas rester en vie, il était à lui seul le symbole de l'infamie.

 

Giuseppe était un des rares êtres humains alentour à être totalement calme, mais ce calme n'était qu'apparent car en lui montait la colère. Il refusa de battre en retraite et fit monter son groupe au combat. Un groupe contre une armée. Ce n'était pas un geste désespéré, c'était l'expression de la colère du sergent Dallaconta. Pour la première fois de sa vie, le sergent Dallaconta, allait désobéir aux ordres, il allait cueillir ce rouge où qu'il se trouve, après tout ils étaient venus pour ça, se battre.

 

Son groupe, comme lui pétri d'une geste héroïque de pacotille accepta de le suivre.

 

L'affaire ne dura que quelques secondes.

Ils furent fauchés, hachés, émiettés par des tirs de mitrailleuse.

Autour de Giuseppe, l'odeur fade du sang se mêla à celle de la boue.

On ne se donna pas la peine, en face, de venir vérifier s'ils étaient morts, le froid, la faim et les bêtes finiraient le travail s'il y en avait à finir.

 

Giuseppe souffrait. Il avait été touché aux deux jambes, ne pouvait plus que ramper.

Il se mit donc à ramper pour essayer de retrouver ses camarades – s'évanouit après quelques minutes d'effort.

 

Il fut rapatrié en Italie dans un carcan de plâtre, seul de son groupe encore en vie, sans qu'il sache vraiment à quoi ni à qui il devait cette chance.

 

Le voyage en bateau l'incita à la réflexion – mais comme on le sait un idiot qui réfléchit peut être plus dangereux qu'un savant avec une arme.

 

La réflexion conduisit Giuseppe à la conclusion que cette aventure était un signe du destin. S'il se trouvait seul en vie, si les autres étaient morts c'est bien sûr parce que les autres y croyaient moins que lui.

 

Il n'avait pas fini de montrer au monde ce dont il était capable.

 

 

 

 

 

 

 

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 11:10

 

TENTATIVE DE SUICIDE DE DENIS LEMARAICHER (LAVAL, QUEBEC)

 

Animé d'un sentiment au demeurant compréhensible de dégoût de soi et du monde, Denis Lemaraicher a tenté de se suicider le 14 février 2010, au prétexte que, sa femme l'ayant quitté, il ne pouvait lui envoyer de message plus clair que de mettre fin à ses jours ce jour-là, le jour de la Saint-Valentin – quand bien même sa femme l'avait-elle quitté un jour de septembre, quatorze ans auparavant.

Pour parvenir à ses fins, Denis Lemaraicher s'est pendu chez lui, à l'aide d'une cravate, au premier support venu vers lequel il a levé les yeux, une conduite de gaz qui courrait sous le plafond et qui – s'est-il dit aussitôt –, ferait parfaitement l'affaire.

Quelques minutes plus tard, ou peut-être, qui sait, à l'instant même où d'un coup de pied il envoya valdinguer le tabouret placé au sommet de la pyramide d'objets par lui amoncelés pour atteindre le plafond et pouvoir nouer, autour du tuyau bienvenu, sa cravate fatale, la conduite de gaz s'infléchit sous le poids du quasi futur défunt et s'éventra en laissant s'échapper à grand débit le gaz. Dans le même mouvement, la cravate glissa de son support et Denis Lemaraicher se retrouva projeté au sol, un peu commotionné mais toujours vivant, et avec dans le nez une forte odeur de gaz qui le pétrifia sur place. Il n'osait plus bouger, comme si, le mouvement lui-même eut entraîné des conséquences terribles. Il laissa passer ainsi de longues minutes jusqu'à ce que l'odeur lui devint insupportable. Se décida alors à agir. Commença à se mouvoir avec la plus grande prudence, avançant à pas mesurés, lançant autour de lui des regards de suspicion, comme il voyait faire dans les films d'action, parvint enfin à la porte de son appartement avant de s'effondrer, à demi inconscient, terrassé par les émanations qui emplissaient maintenant la pièce. Dans un ultime sursaut de volonté il sortit son téléphone portable pour appeler les secours mais dut tout de même se lever pour atteindre le commutateur et faire donner la lumière, c'est tout de même ahurissant de ne pouvoir se servir d'un téléphone dans le noir, pensa-t-il une seconde.

 

La déflagration souffla, la pièce, l'immeuble, et l'immeuble voisin, une maison de retraite médicalisée. On releva quarante trois cadavres parmi les décombres. Denis Lemaraicher fut retrouvé vivant, sourd, brûlé au troisième degré, mais vivant, un vague sourire aux lèvres, il avait été protégé par un arc de béton cerclant la porte d'entrée de son appartement.

 

Ses premières paroles furent pour le pompier qui arriva près de lui : « Même ça, je n'y arrive pas ».

 


 

 

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