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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 11:10

 

TENTATIVE DE SUICIDE DE DENIS LEMARAICHER (LAVAL, QUEBEC)

 

Animé d'un sentiment au demeurant compréhensible de dégoût de soi et du monde, Denis Lemaraicher a tenté de se suicider le 14 février 2010, au prétexte que, sa femme l'ayant quitté, il ne pouvait lui envoyer de message plus clair que de mettre fin à ses jours ce jour-là, le jour de la Saint-Valentin – quand bien même sa femme l'avait-elle quitté un jour de septembre, quatorze ans auparavant.

Pour parvenir à ses fins, Denis Lemaraicher s'est pendu chez lui, à l'aide d'une cravate, au premier support venu vers lequel il a levé les yeux, une conduite de gaz qui courrait sous le plafond et qui – s'est-il dit aussitôt –, ferait parfaitement l'affaire.

Quelques minutes plus tard, ou peut-être, qui sait, à l'instant même où d'un coup de pied il envoya valdinguer le tabouret placé au sommet de la pyramide d'objets par lui amoncelés pour atteindre le plafond et pouvoir nouer, autour du tuyau bienvenu, sa cravate fatale, la conduite de gaz s'infléchit sous le poids du quasi futur défunt et s'éventra en laissant s'échapper à grand débit le gaz. Dans le même mouvement, la cravate glissa de son support et Denis Lemaraicher se retrouva projeté au sol, un peu commotionné mais toujours vivant, et avec dans le nez une forte odeur de gaz qui le pétrifia sur place. Il n'osait plus bouger, comme si, le mouvement lui-même eut entraîné des conséquences terribles. Il laissa passer ainsi de longues minutes jusqu'à ce que l'odeur lui devint insupportable. Se décida alors à agir. Commença à se mouvoir avec la plus grande prudence, avançant à pas mesurés, lançant autour de lui des regards de suspicion, comme il voyait faire dans les films d'action, parvint enfin à la porte de son appartement avant de s'effondrer, à demi inconscient, terrassé par les émanations qui emplissaient maintenant la pièce. Dans un ultime sursaut de volonté il sortit son téléphone portable pour appeler les secours mais dut tout de même se lever pour atteindre le commutateur et faire donner la lumière, c'est tout de même ahurissant de ne pouvoir se servir d'un téléphone dans le noir, pensa-t-il une seconde.

 

La déflagration souffla, la pièce, l'immeuble, et l'immeuble voisin, une maison de retraite médicalisée. On releva quarante trois cadavres parmi les décombres. Denis Lemaraicher fut retrouvé vivant, sourd, brûlé au troisième degré, mais vivant, un vague sourire aux lèvres, il avait été protégé par un arc de béton cerclant la porte d'entrée de son appartement.

 

Ses premières paroles furent pour le pompier qui arriva près de lui : « Même ça, je n'y arrive pas ».

 


 

 

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