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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 22:57

 

LISTE DES OBJETS CONTENUS DANS LE SAC À MAIN DE PAULINE SAUDANTE, BIBLIOTHÉCAIRE ADJOINTE À LA BIBLIOTHÈQUE DE GENÈVE (CONFÉDÉRATION HELVÉTIQUE)

 

 

Dans la grande poche centrale

 

— Un trousseau de clés auquel sont accrochées dix-sept clés, cinq pour son domicile, une pour sa voiture, neuf pour la bibliothèque, deux pour le studio loué par son amant, Pierre Rapin le directeur du service des prêts de la bibliothèque.

— A ce trousseau est également accrochée la première paire de chaussures avec laquelle son fils Peter a commencé à marcher.

— Un poudrier, un tube de rouge à lèvres griffé d'un grand couturier parisien, rouge foncé, un autre tube de rouge à lèvres garance (mais qui ne lui va pas, trop vif pour son teint clair), une lime à ongles, une brosse à cheveux.

— Une barrette à cheveux en bois laqué achetée en Corée le 12 juin 2006 lors d'un voyage avec son mari, représentant un dragon – ce sont les dents du dragon qui enserrent les cheveux pour les maintenir.

— Le manuscrit d'un article demandé à Pierre Rapin par le Bulletin des bibliothèques de Suisse Romande intitulé : La dérive corporatiste des bibliothécaires de jeunesse suisses : une fermeture au monde (pour correction orthographique, 15 pages au format A4)

— Un portefeuille de cuir rouge contenant une photographie de ses deux enfants, vingt-et-une cartes diverses, dont deux cartes de crédit et une carte d'abonnement à la cantine des enfants.

— Le livre Oser la confiance en soi de la neuropsychologue Béatrix Neunundsechzig 

— Un lecteur mp3 contenant trois chansons que Pauline écoute en boucle, le plus souvent lorsqu'elle est en voiture : Felicita interprétée par Al Bano et Romina Power, Besoin de rien envie de toi, interprétée par Peter et Sloane, Libertine, interprétée par Mylène Farmer.

— Une paire de lunettes de soleil.

— Quatre briquets jetables.

— Deux paquets de mouchoirs jetables.

— Une carte postale, la première envoyée par son plus jeune fils lors de son premier séjour hors du domicile, et portant le dessin d'une maison partagée en deux en son milieu par un arbre tombé sous les coups d'un orage.

 

 

Dans la poche latérale droite :

 

— Un téléphone portable

— Un paquet de cigarettes anglaises.

— Une carte des transports intercommunaux.

— Une plaquette de pilules contraceptives.

 

Dans la poche latérale gauche (fermée par un mini cadenas à code)

 

— Une photographie de Pierre.

— Une photographie des parents de Pauline, disparus dans un accident de voiture sept ans auparavant.

— Son arrêté de titularisation au grade d'adjoint-bibliothécaire, daté du 2 juin 2000, et contresigné par Pierre Rapin.

— Une bague offerte par Pierre et que, par la force des choses, elle ne peut pas porter.

— Un foulard dans lequel elle a un jour caressé son amant et qu'elle n'a jamais lavé.

— La première lettre manuscrite écrite par Pierre, découverte à l'intérieur du sous-main de son bureau, quatorze ans auparavant, le 4 mars 1999 exactement, elle en avait pleuré d'émotion, rédigée tel que ci-dessous :

 

 

Chère Pauline,

Voilà douze ans que je travaille à vos côtés et douze ans que quotidiennement je souffre de ne pouvoir exprimer ce que je ressens pour vous. L'émotion m'étreint à la seule écriture de ce mot car le risque est grand que vous ne m'adressiez plus la parole et qu'il en soit fini de notre complicité, j'allais dire de notre intimité, au travail. Mais voilà, je suis arrivé à un point où je ne peux plus porter cette charge en silence. Car je ne cesse de penser à vous et à votre corps en mouvement sous vos robes austères. Oui Pauline, je suis certain que ce corps ne demande qu'à être délivré des entraves des conventions et à chevaucher librement dans les plaines du plaisir.

Laissez-moi donc en être le libérateur.

Avec votre permission, chère Pauline, je vous embrasse.

Pierre

 

[Bien entendu la réponse de Pauline ne se trouve pas dans le sac à main mais elle s'en souvient parfaitement, même après toutes ces années, il faut dire que, transmise par le même entregent du sous-main sur le bureau de Pierre, sa réponse se réduisait à une simple mot de trois lettres : oui.]

 

 

 

 

 

  magasin + ptit

 

 

 


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