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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 23:27

 

 

COLLECTIONS DÉTENUES PAR ERIC HIGNIN, REGISTRE DRESSÉ ET TENU À JOUR SOUS FORME MANUSCRITE PAR SES SOINS SUR FICHES BRISTOL CLASSÉES DANS UNE BOîTE DE CHAUSSURES POUR ENFANTS (POINTURE 32, MARQUE LE PÉDILUVE AMBULANT)

 

 

[NOTE PRELIMINAIRE: L'ambitieux projet d'Eric Hignin est de posséder, non seulement la plus importante collection de collections existante, mais aussi la plus improbable. Tous les commentaires en marge de l'inventaire lui-même sont de la main d'Eric Hignin.]

 

 

2 – COLLECTION INTÉGRALE DES PIÈCES D'UN AUTOBUS CHAUSSON APH 521 DE 1955, MOTEUR PANHARD, 135 CHEVAUX, 65 PLACES.

COMMENCÉE EN 2011 - AMBITION DE LA COLLECTION : L'EXHAUSTIVITÉ. CATALOGUE EMBRYONNAIRE À CE JOUR.

 

 

Le rez-de-chaussée de la maison est entièrement occupé par la collection Chausson.

L'objectif n'est pas de reconstituer le bus, il est de disposer de toutes ses pièces, jusqu'au dernier boulon.

Toutefois je ne suis pas suffisamment versé dans la mécanique pour évaluer encore la quantité de pièces manquantes.

Je pratique beaucoup de manière intuitive, c'est ce qui fait tout le sel de cette collection, son attrait particulier.

 

Le garage renferme les pièces en lien avec la mécanique : moteur, boîte de vitesses, transmission, embrayage, distribution. Le bloc moteur est suspendu au plafond par des chaînes, et au fur et à mesure de l'arrivée des pièces Jeannot Briquemol, le garagiste de la rue des Oxymores pléonastiques vient les ajouter au moteur. Il ne manque plus grand chose pour qu'il soit opérationnel : la pompe à eau, l'arbre à cames, le démarreur.

Des bricoles affirme Briquemol.

Jeannot Briquemol est passionné par ce travail, il le fait gratuitement à temps perdu à condition que je lui fournisse du pastis à volonté.

Je me demande maintenant, après quelques séances de montage, s'il ne serait pas plus rentable pour moi de lui payer ses heures. Je me pose également la question de l'efficacité de ses interventions juste avant son départ, après le quinzième pastis.

 

Ma voiture dort dehors.

 

Avant de remonter les pièces, Briquemol les fait tremper plusieurs jours dans du gasoil. Toute la maison sent le gasoil. Il faut du temps pour s'habituer, maintenant c'est fait mais au début ça m'irritait la gorge en permanence et me donnait des maux de tête, je suis de constitution fragile.

Valérie est partie vivre chez sa sœur.

A cause de l'odeur et de l'histoire de la roue, mais surtout à cause de l'odeur.

En attendant, a-t-elle dit.

Je me demande bien en attendant quoi.

J'aime Valérie mais elle a du mal à tolérer mes collections, c'est de pire en pire, elle ne fait aucun effort, c'est tout de même pas la fin du monde d'attendre quelques mois, au pire deux ou trois ans, que le bus soit monté à l'extérieur.

 

Le moteur, c'est mieux de le suspendre, a dit Briquemol. D'accord, je veux bien, mais il y a toujours des gouttes d'huile qui coulent sur le sol. Au début je n'y ai pas fait attention, maintenant le sol du rez-de-chaussée est couvert d'une fine pellicule gris-noir grasse et glissante, résistante à tous les détergents. Jusque dans la salle de bains. Heureusement j'en ai une autre à l'étage. Cette collection ne doit pas influer de façon négative sur les autres, je me déshabille entièrement avant de monter. L'escalier et le haut sont nickel.

 

La transmission, l'embrayage, la distribution, la boîte à vitesses sont disposés contre le mur du fond dans des caisses de plastique de grand format achetées pour l'occasion.

(Erreur de ma part : les avoir achetées blanches).

Contre ce même mur, trois caisses pleines de pièces diverses non encore identifiées – et face auxquelles, le regard de Jeannot Briquemol est resté (encore plus) vide d'expression.

 

Le châssis est appuyé contre le mur de droite en entrant, avec posé au sol devant lui, le longeron gauche (manque le droit, j'envisage un raid dans les casses auto au delà de la région, il me faut absolument ce longeron droit).

 

La carrosserie est installée dans le jardin, posée sur des parpaings en attendant la complétude du châssis. Un bus, c'est long, je n'ai pas mesuré mais une vingtaine de mètres environ. J'ai dû sacrifier le potager. De toute façon, avec le départ de cette collection, je n'avais plus le temps de m'occuper des légumes. Carrosserie blanche rehaussée d'une magnifique bande rouge sur les flancs. L'avant du bus ressemble à un museau de boxer. Il manque la cinquième vitre (ouvrante) côté droit, les deux essuie-glaces, et la banquette du neuvième rang. J'avais trouvé une banquette sur Internet mais ce n'était pas celle du neuvième rang, je ne veux pas tricher avec moi-même.

 

Le salon du bas, qui du coup n'est plus un salon, abrite les quatre roues (il manque la roue de secours), ainsi que le levier de vitesses, désolidarisé de la transmission pour cause de rouille, l'échelle arrière qui permettait d'accéder à la galerie (à souder sur la carrosserie, j'attends un épisode de sobriété de Briquemol), le siège du chauffeur (éventré, à refaire), les deux rétroviseurs extérieurs, les phares avant et feux arrière (dans une caisse en bois).

Le câblage électrique du bus (complet ?) occupe l'intégralité du buffet Henri II de mamie, j'ai transféré les porcelaines et les dentelles à la cave.

 

On n'imagine pas la grosseur d'une roue de bus. Surtout dans un salon. La dernière que nous avons amenée avec Briquemol nous a échappé tandis que nous la faisions rouler vers le salon ; elle s'est arrêtée sur le piano droit de ma femme. On a entendu des bruits bizarres dans le piano ; il est un peu cassé, du coup. De toute façon elle ne jouait plus depuis un moment, elle avait du mal à y accéder.

 

La chambre de Benjamin, à côté du salon, est quasiment pleine des ressorts et de la mousse des sièges. Je les stocke là en attendant, soit de refaire les sièges, soit d'en trouver en bon état. Heureusement Benjamin est à Paris pour ses études, il ne vient plus.

 

Mon objectif, même si je ne veux pas me l'avouer pour l'instant, est tout de même de remonter entièrement le bus, de faire en sorte qu'il fonctionne, et de m'en servir pour rendre visite à Valérie chez sa soeur.

Elle verra bien, là.

 

 

 

 

heurtoir

 

 

 

 


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