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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 20:23

 

ÉCHANGE DE COURRIERS ÉLECTRONIQUES EN DATE DU 28 MAI 2010 ENTRE LE DENOMMÉ SERGE PIÉKOVSKY ET DJAWIDA ZEBRAMINI, DIRECTRICE DES RESSOURCES HUMAINES DE LA SOCIÉTÉ COMPLEX CONSEIL FORMATION DONT LE SIEGE EST SITUÉ À MARSEILLE (FRANCE)

 

 

 

De : Serge Piekovsky

à : DRH – Complex Conseil Formation

 

28 mai 2010 – 6h13

 

Madame,

Vous m'indiquez dans votre courrier postal reçu hier que, à la suite de l'entretien d'embauche par moi subi dans vos locaux (en date du 9 mai 2010), vous n'avez pas retenu ma candidature pour le poste de responsable juridique de votre société.

Je souhaiterais obtenir plus de précision sur les motivations de ce refus.

En vous remerciant par avance,

 

Serge Piekovsky

Expert en conseil juridique

 

 


 

De : DRH – Complex Conseil Formation

à : Serge Piekovsky

 

 

28 mai 2010 - 9h05

 

Monsieur,

 

Nous n'avons pas pour habitude, et vous devez le savoir, de motiver nos refus. Je regrette mais je ne peux pas vous fournir les informations demandées.

Cordialement

 

 



 

De : Serge Piekovsky

à : DRH – Complex Conseil Formation

 

 

28 mai 2010 – 9h09

 

Madame

Croyez que je comprends vos réticences, si l'on se mettait à discuter avec tout le monde les choses deviendraient impossibles, on serait envahi de sollicitations de toute nature, et même les êtres les moins recommandables viendraient frapper à nos portes. Je ne vous souhaite pas que les êtres les moins recommandables viennent frapper à votre porte, ils sont la lie de notre société, la crème de la malhonnêteté, le gotha des infréquentables. Aussi, bien que je n'en fasse pas partie, je comprends votre réserve. Mais permettez-moi tout de même d'insister, je ne suis pas quelqu'un d'ordinaire, je suis même l'inverse – je suis, au sens premier du mot, quelqu'un d'extraordinaire (extra-ordinaire), c'est pourquoi j'ai besoin de connaître les raisons pour lesquelles vous ne m'avez pas retenu, cela m'aidera beaucoup pour mes futurs entretiens, ainsi que, éventuellement, pour une remise en question plus en profondeur de ma personnalité.

Avec mes remerciements anticipés.

 

Serge Piekovsky

Expert en conseil juridique

 

 

 


 

 

De : DRH – Complex Conseil Formation

à : Serge Piekovsky

 

28 mai 2010 – 10h43

 

Monsieur,

Malheureusement c'est une règle que nous nous sommes fixés et à laquelle nous ne pouvons déroger en aucune manière – à l'image de nombreuses sociétés.

J'espère que vous comprenez, et je vous serais gré de ne plus me contacter à ce sujet – la personne choisie pour le poste, démarre de toute façon en début de semaine prochaine et cette décision ne sera pas remise en question.

Cordialement.

 

 



 

De : Serge Piekovsky

à : DRH – Complex Conseil Formation

 

28 mai 2010 – 10h48

 

Madame,

Je ne vous demande pas de déroger à votre règle, je vous demande de faire une exception pour moi.

Car voyez-vous j'ai le plus grand mal à comprendre que vous ne m'ayez pas choisi, moi, et je ne voudrais pas que vous soyez amenée, par la suite, à regretter votre décision.

Que l'on choisisse à ce poste quelqu'un d'ordinaire et d'effacé peut se comprendre. A la rigueur cela peut se comprendre – vous pourrez toujours occuper ce gars à des fonctions plus en adéquation avec sa personnalité falote, je ne vous demande pas de le virer, vous devez bien avoir de quoi payer nos deux salaires, je suis tout de même informé des tarifs, j'allais dire du racket, que vous pratiquez.

Par ailleurs j'ai une excellente mémoire et il me semble que notre entretien s'est passé le mieux du monde – à dire vrai, j'étais persuadé intégrer votre société la semaine prochaine. J'avais su, me semble-t-il introduire dans notre conversation la petite touche de décontraction sans pour autant jamais tomber dans la familiarité.

Moi, ma modestie dut-elle en souffrir, je me dois de vous avertir que vous vous privez avec moi de quelqu'un d'exceptionnel à tous les niveaux, je dis bien à tous les niveaux. Et, pardonnez-moi de vous dire cela aussi crûment, mais si vous n'avez pas su déceler cela chez moi lors de notre entretien je ne sais pas ce que vous faites à votre niveau de responsabilité.

 

Serge Piekovsky

 

 

 

 


De : DRH – Complex Conseil Formation

à : Serge Piekovsky

 

28 mai 2010 – 11h28

 

Monsieur,

Comment pouvez-vous demander une exception alors même que la mission première attachée au poste que vous avez sollicité relevait de l'application des règles communes ?

Je vous remercie de cesser votre harcèlement et vos menaces voilées.

 

 

 


 

De : Serge Piekovsky

à : DRH – Complex Conseil Formation

 

28 mai 2010 – 11h36

 

Harcèlement ? Menaces ? Comme vous y allez. Je ne suis qu'un pauvre candidat recalé à un poste ouvert par votre société. Recalé. Ne l'oubliez pas. Par vous. Par votre bon vouloir.

 

VOTRE

BON

VOULOIR

 

Vous devriez user de davantage de sollicitude avec moi. De compassion, à la limite.

Oui, de compassion.

Vous oubliez que vous vous adressez à quelqu'un d'exceptionnel.

Mais vous avez dû interpréter certains de mes termes de façon excessive. Je voulais dire simplement que vous vous êtes peut-être trompée de personne et qu'il n'est pas encore trop tard.

 

 

 


 

De : Serge Piekovsky

à : DRH – Complex Conseil Formation

 

28 mai 2010 – 15h17

 

Madame,

Votre silence est éloquent, vous vous enfermez dans votre erreur. En réalité ce qui se passe c'est que je vous dépasse, alors vous faites barrage. Vous ne m'avez pas recruté parce que vous avez craint que je vous fasse de l'ombre, et au fond vous avez raison, de l'ombre, je vais vous en faire, plus que vous ne croyez.

Encore une fois, j'ai bien peur d'avoir visé juste, voilà comment les individus parmi les plus brillants d'une société sont laissés de côté : parce que les postes de décision sont occupés par des incompétents.

Croyez bien, madame, que je ne vous salue pas.

 

 

 


 

 

De : Serge Piekovsky

à : DRH – Complex Conseil Formation

 

28 mai 2010 – 16h28

 

Quand je disais que j'étais exceptionnel à tous les niveaux, ma poule, tu vas savoir ce que ça veut dire, et ça va pas traîner.

Oh, tu m'entends ?

Ton Serge.

 

 


 

 

De : Serge Piekovsky

à : DRH – Complex Conseil Formation

 

28 mai 2010 – 16h 36

 

Tu dis plus rien ? T'as raison tu vois, tu seras pas la première que je découpe en morceaux.

 

 

 

 


 

De : Serge Piekovsky

à : DRH – Complex Conseil Formation

 

 

28 mai 2010 - 16h58

 

T'es déjà partie ma poule ? Vous branlez rien dans cette boîte. C'est la planque hein, payée à rien foutre.

Ou plutôt payée à virer les gens comme moi.

Te reste plus longtemps à vivre, tu sais. C'est dommage au fond, plus personne pour profiter de ta frimousse. Enfin, moi au moins j'en profiterai une dernière fois. Ah ah.

Mais te bile pas, j'ai des sacs poubelle complètement... comment dit-on déjà... disons qui ne laissent rien ressortir de ce qu'on met à l'intérieur.

Enfin, les autres sont toujours dedans.

Etanches, c'est ça. Etanches, les sacs.

J'espère que t'as la trouille, là.

Que t'es en train de mouiller ta culotte, ma poule, et pas de plaisir.

Qu'est-ce que tu croyais ? Non mais qu'est-ce que tu croyais, que t'allais pouvoir te la jouer pénard grande dame derrière ton bureau nickel chrome ? C'est ça que tu croyais ? Le choix du roi ? Je prends celui-là, l'autre on le jette ? Eh bein tu vois tu t'es gourrée sur toute la ligne.

A moi on me fait pas des trucs comme ça. Surtout pas une poulette dans ton genre avec un cul comme le tien, monté sur roulement à billes.

Surtout pas une poulette de ton âge face à mes vingt-cinq ans d'expérience.

Ah, j'allais oublier, pas la peine d'appeler les flics, personne ne pourra remonter ces mails, te bile pas pour moi ma poule, j'ai tout prévu.

 

 

 


 

 

 

De : Serge Piekovsky

à : DRH – Complex Conseil Formation

 

28 mai 2010 – 17h43

 

Allez, fais pas la gueule, c'est qu'un mauvais moment à passer. Et puis c'est pas encore l'heure, nous avons une longue nuit devant nous.

Au fait, ne sois pas étonnée si la nounou est en retard, c'est moi qui ai pété une durite à la Volvo – mais ne t'inquiète pas j'ai récupéré ta fille à l'école.

 

 


 

 

[NOTE POSTLIMINAIRE SUR L'ETAT DE NOS CONNAISSANCES SUR CETTE AFFAIRE  :

 

C'est à cette heure-là, 17h43, que s'arrête l'arrivée de courriers électroniques de Serge Piekovsky dans la boîte de Djawida Zebramani. Mais depuis cette date du 28 mai 2010 17h43, nous savons avec certitude que :

 

En aucune manière ni à aucun moment, la petite Kamila n'a quitté ce jour-là l'école avec un inconnu – elle a été récupérée comme d'habitude par sa nounou qui, après avoir fait un détour par la supérette du quartier, l'a ramenée à son domicile, 19 rue des angles obtus, troisième étage gauche, où comme d'habitude, elle l'a faite goûter de petits beurre et de Nutella.

 

Après avoir déposé plainte, et au vu des mails incriminés, Djawida Zebramani, 34 ans, ex-mannequin, aujourd'hui Directrice des ressources humaines de la société Complex Conseil Formation, a été placée sous protection rapprochée de la police car elle vit seule avec sa fille.

Serge Piekowsky existe, il a bien passé un entretien d'embauche auprès de la CCF le 9 mai 2010 pour un poste de responsable juridique, mais il n'a jamais écrit de mails à la DRH de ladite société ; le contenu de ces mails, a-t-il fait valoir, eut équivalu pour lui à un suicide professionnel.

 

C'est l'inspecteur Emmanuel Quanta qui a été chargé de la protection rapprochée de Djawida Zebramani, après avoir insisté pour se voir attribuer cette mission.

L'inspecteur Quanta est un spécialiste du traçage informatique ; habituellement il ne part jamais sur des missions de terrain, mais il a préféré cette fois laisser l'enquête à un jeune stagiaire déjà reconnu pour son incompétence ; en réalité l'inspecteur Quanta a monté cette histoire de A à Z, il a usurpé l'identité de Serge Piekowsky et envoyé des lettres de menaces à Djawida Zebramani dans le seul but de se retrouver dans son environnement immédiat pour essayer de la séduire.

 

- A la requête, inhabituelle et un rien farfelue de l'inspecteur de se rendre sur le terrain, le commissaire aurait répondu : « Vas-y petit, les idées aujourd'hui, tout le monde a besoin de se les changer »].

 

 

 

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