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27 mai 2012 7 27 /05 /mai /2012 19:17

 

 

LE CHARABIA AU DÉTRIMENT DE LA LITTÉRATURE

 PAR FRANC OREILLER-GRISVERT.


À PROPOS DU ROMAN UNE ILE DE CÉDRIC GENOUILLARD (EDITIONS DE ONZE HEURES)  

 

ARTICLE PUBLIÉ DANS LE QUOTIDIEN LES AURORES DU 4 FEVRIER 2011.

 

 

 

Voici encore publié par les Editions de Onze heures un livre d'anti-littérature. Un anti-livre. Une chose – on n'ose la qualifier d’œuvre – écrite en dépit du bon sens.

Car, il faut le dire, on ne comprend rien à ce livre-là.

D'ailleurs je ne prendrai même pas la peine d'en parler, tout résumé s’avérerait impossible, ce livre est vide. C'est un magma de mots accolés à travers lequel on cherche en vain le sens et la motivation de départ. Ce livre n'entre pas dans les codes de ce que l'on attend d'un livre, on se demande même comment un éditeur a pris la responsabilité de le publier – mais les éditions de Onze heures, soit dit en passant, sont coutumières du fait, leurs caves sont pleines de livres que personne ne lit. Restons sérieux. Un vrai livre de vraie littérature doit avoir un début, une belle histoire et une bonne fin. Les écrivains ont tendance à oublier qu'ils s'adressent à des gens normaux, et que ces gens n'ont pas tous un master de lettres modernes ou de philosophie.

Il faut pour les gens normaux des livres normaux.

L'histoire littéraire ne retiendra rien de ces écrivailleurs-là, et ce ne sont pas les quelques prix Nobel obtenus par les éditions de Onze heures qui changeront la donne, le prix Nobel, on le sait est attribué sur des critères autres que celui de la qualité littéraire, il est même souvent attribué sur des critères inversement proportionnels aux chiffres de vente des écrivains primés, preuve s'il en est de la désaffection du public et de l'érection de cette pseudo-littérature en pseudo-monument du bon goût et de la novation.

Novateur, un écrivain ne doit pas l'être, surtout pas, un écrivain doit se contenter d'écrire. Ecrire, c'est se donner aux autres, c'est un métier public, l'écrivain doit travailler dans le gras de la vie, donner de la chair en pâture à ses lecteurs, comme je le fais moi-même à travers le roman que je publie chaque année, ou comme le font Thomas Loinnikos ou Jérôme Museau, des livres que l'on prend plaisir à acheter et à lire. Ecrire c'est faire des phrases normales, avec un sujet, un verbe, un complément, des phrases où l'on n'a pas à explorer un inextricable fouillis, un salmigondis semblable parfois à du vomi, pour se faire une idée de ce que le cher auteur a bien voulu dire par là.

Ecrire, c'est ne pas prendre le lecteur pour plus intelligent qu'il n'est.

Dans le cas contraire, autant écrire de la poésie.

Il faut de la vie dans la littérature, de la vraie vie, des aventures, des anecdotes, des personnages épais, des livres épais, de beaux adjectifs, de la densité. On a ici exactement le contraire, Genouillard s'est trompé de voie, il aurait dû faire plombier, pour raccorder des tuyaux ensembles, garçon de café, maçon, garagiste, livreur de pizzas, tout sauf écrivain.

Heureusement je ne fais pas partie de ce cénacle de gens bien intentionnés prêts à défendre l'indéfendable, l'illisible, l'hermétique, le non-sens, l'absurde. Non, croyez-moi, je ne fais pas partie de cette élite intellectuelle autoproclamée, prête à crier au génie dès que l'on ne comprend rien.

Nous ne sommes pas des Anglais, que diable !

Pour moi la chose est claire, je suis fier de ne pas comprendre ces livres-là, j'en suis fier et je le clame – et tant pis si certains voient en cela une marque de faiblesse intellectuelle ou de bêtise de ma part, je m'en moque, car cette incompréhension est un constat établi en regardant le réel en face, cette incompréhension est la médaille du bon sens accrochée à ma boutonnière.

 

 

 

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