GENÈSE D'UNE DÉFINITION DES LIEUX INTÉRIEURS - I
la frontière comme lieu –
lieu où :
relents d'espaces,
creux de l'avant,
traces encore,
incises
dans lesquelles chaque partie contamine l'autre de sa propre matière en voie d'égrugement,
lance vers elle ses dernières forces,
tente,
tente,
dans un jeu de conquête factice
dont on sait à l'avance la vanité
tente dans un ultime effort de se projeter sur les lieux où elle n'est pas ;
les choses, alors, parfois, se confondent,
la frontière se fait autre,
de matière emmêlée,
nouvel espace où les lutteurs abandonnent la lutte,
où l'on pourrait croire,
où l'on pourrait croire
à d'amoureuses étreintes –
enlacements flottants, sucs en mélange,
oubli de soi,
voyez, je ne suis déjà plus tout à fait le même ;
pourtant, non, n'allez pas,
surtout,
n'allez pas croire,
qu'alliez-vous croire là,
en réalité c'est un lieu ignoré de tous et empreint de mystère, si vous saviez à quel point, un lieu comme il n'en existe pas, connu de moi seul,
et encore :
c'est un lieu par la force des choses à la marges des choses,
où s'épuisent les forces,
harassées d'assauts successifs,
laminées d'élans sans arrières,
lorsque :
lorsque n'affleurent plus que les remords,
des riens,
brisures des anciens mondes,
paroles muettes lancées on ne sait où,
chuchotées vers l'ailleurs en une lente descente,
pour soi –
qui n'est plus,
déjà,
faut-il le rappeler,
tout à fait le même.