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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 11:16

 

GROUPE DE PSYCHOTHERAPIE DU MERCREDI 2 JUIN 2010, 18H30-20H30, DOCTEUR LEBLANGUI (PARIS, FRANCE)

 

 

VI – INTERVENTION DE DANIEL CONSTANS

 

 

 

Et si je sortais un couteau, là, hein ? Qu’est-ce que vous en diriez si je sortais un couteau ? Ou une mitraillette. Ah ah, ils en font une tête. Allez, je déconne. Qu’est-ce que ça peut me faire de tuer des gens ? Je ne suis pas comme le cousin de Marignane moi, je ne serais pas mieux, après. Sur le moment, peut-être, un peu, mais après… tant de complications pour si peu… toute cette paperasse... tous ces gens à mobiliser, cette énergie à gaspiller juste pour ça, essayer de comprendre un geste…

Moi y’a qu’une personne que j’aurais voulu tuer de son vivant c’est maman.

Et s’il fallait que je vous explique pourquoi, on n’aurait pas assez de la journée. Disons que ç’aurait été de la légitime défense.

Mais elle est morte toute seule avant que j’y pense.

Parce qu’il m’a fallu un paquet d’années pour en arriver à me dire que la seule solution c’était de la tuer, maman.

Elle m’a façonné comme sa chose. Je n’ai pas dit un objet d’art ou l’amour de sa vie, non, sa chose. Il m’a fallu en passer des nuits d’insomnies pour me dire ça, tu n’es que sa chose, un jouet pour un gosse.

Et d'une vie se sentir hors la norme.

Je ne sais pas vous, mais moi, des vies, j'en ai qu'une.

Se savoir comme un homme à moitié homme.

Debout, assis, couché, servir, ne rien dire, servir.

A la maison les poignées de porte grinçaient comme des portails rouillés.

Il n'a y a jamais eu une fille. Elles avaient toute quelque chose.

Quelque chose qui n'allait pas.

Le nez au milieu de la figure, par exemple.

Et moi, là, comme attaché.

Je ne vais pas en dire plus, je ne peux pas.

Vous n’aurez que ça : toute ma vie jusqu’ici a été consacrée à ça, comprendre que ma mère avait fait de moi un objet.

Sans pensée propre, juste apte à fonctionner pour elle.

Et quand j’ai eu compris, elle m’a claqué dans les doigts de mort naturelle, à l’hôpital. Ça n’a pas le même charme.

Pour moi voyez, la tuer ç’aurait été, comme manger un sorbet après un gros repas, on n’a plus la place pour une pâtisserie mais un sorbet bien frais fait passer tout le repas. Eh bein voilà. Pareil. Une sorte de conclusion toute en finesse, une conclusion logique à sa vie.

Au lieu de ça chuis là.

Un peu vide.

 

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