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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 12:32

 

 

[VILLE SANS NOM] – PACIFIQUE SUD

 

C'est une ville sur une île, cachée dans des escarpements rocheux, pas très loin au large de la côte, dans l'océan Pacifique. On se demande comment des gens ont pu construire là une ville. Il faut, pour y accéder, prendre un bateau et s'attaquer ensuite à des falaises qui montent à pic sur plus de trente mètres. Une fois parvenu au sommet des falaises il faut redescendre dans une sorte de cratère et la ville se trouve quasiment au niveau de la mer.

 

Dans cette vallée circulaire qui en aucun point ne communique avec la mer, poussent des arbres et des plantes.

 

Il n'existe pour l'instant aucun repère temporel, la ville peut avoir cent ans comme mille ans.

 

On dit que c'était une ville-prison. Pourtant les bâtiments encore existants ne révèlent pas un univers carcéral. La ville est ronde, construite en spirale autour d'un centre. Au centre se trouve une grande dalle de pierre parfaitement lisse posée sur des piliers à hauteur d'homme.

 

Si cela avait été une ville-prison il aurait fallu aux gardiens et aux gens chargés du transfert des prisonniers beaucoup de courage pour escalader ces falaises – on ne prend pas de tels risques, on ne fournit pas de tels efforts, même pour les prisonniers les plus terribles. Il devait s'agir d'une ville normale.

 

Une légende affirme que vivait là un tyran qui enlevait des gens sur la côte pour les obliger à vivre et à se reproduire sur son île. C'est ainsi que la ville aurait été construite, en maintenant les enfants nés sur l'île dans l'ignorance du monde et en les obligeant à travailler toute leur vie. Le tyran aurait gouverné en s'appuyant sur la superstition et la crainte des éléments naturels. La mort du dernier descendant du tyran aurait provoqué la destruction de la ville.

 

Un autre version de la même légende prétend que, à l'origine, des gens se seraient retirés là volontairement pour fonder une société égalitaire, où régnait une liberté totale ; les notions de famille et de couple auraient été abandonnées, de même que les critères de jugement esthétiques sur autrui. Les enfants étaient élevés par l'ensemble de la communauté, tous les hommes pouvaient se prétendre leur père. Ensuite, la communauté grossissant les choses auraient mal tourné et une tyrannie se serait installée, mortifère et autodestructrice.

 

Les gens de la côte disent que des pêcheurs de leur famille sont partis vers cette île autrefois et n'en sont pas revenus. Cela fait partie de ces histoires de famille qui se transmettent d'une génération à l'autre. On leur avait parlé de paradis. Mais les gens de l'île ont dû se fabriquer des armes pour refouler les tentatives de débarquement, toute communauté doit penser à sa protection.

 

Il n'y a pas dans l'île de traces de sépultures, les morts devaient être donnés à la mer. On n'a pas non plus trouvé de traces d'écrit, l'île a été passée au peigne fin par des chercheurs on n'a pas trouvé un seul rocher gravé ni même aucune trace de dessin ou d'art pariétal.

 

Il est possible que des images du tyran aient existé et quelles aient été brûlées par les gens en colère.

 

Il est possible également qu'une société au départ égalitaire et juste n'ait pas besoin d'archives.

 

La ville a été découverte au milieu du vingtième siècle par des pêcheurs pris dans une tempête. La nouvelle a fait grand bruit dans la communauté scientifique. Sur le moment, comme toujours, des illuminés y ont vu les restes d'un continent disparu, d'autres le berceau d'une civilisation extra-terrestre, ensuite, en quelques mois, découragés par l'absence de traces et l'impossibilité de toute interprétation, on a oublié jusqu'à la nouvelle de cette découverte.

 


 

 

2013 0266

 

 

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